Les notes de Koudraogo

Au moins, une dizaine de raisons pour remercier le ministre de la Sécurité Intérieure du gouvernement !

Lors du dernier remaniement du gouvernement, l’administration territoriale a été séparée de la sécurité intérieure ; une façon de reconnaître plus ou moins officiellement, les insuffisances qui pouvaient être observées dans la gestion du super département d’alors. Plus d’un burkinabè a applaudi ce geste. Aujourd’hui, il faut aller un peu plus loin et simplement remercier le ministre de la sécurité intérieure du gouvernement. Pour cela, nous citerons au moins une dizaine de raisons :

C’était il y a une année, le 13 juin 2016, que le tout-puissant, ministre d’État, ministre de l’administration territoriale et de la sécurité intérieure annonçait au peuple du Burkina ses mesures (1) pour prévenir les bavures par lesquelles les kolgl-wéogo avaient fini par s’illustrer. Un an plus tard, le moins que nous puissions dire est que la situation n’est guère meilleure.

1-/ Le ministre de la sécurité intérieure nous avait promis que « Toute personne appréhendée en flagrant délit d’infraction à la loi pénale, doit être immédiatement remise aux forces de sécurité intérieure (la gendarmerie nationale et la police nationale) » ! Un an plus tard, nous savons que les kolgl-wéogo dont il est le secrétaire national, n’en ont que pis de cette mesure ! Pire, des citoyens sont morts aux mains des kolgl-wéogo (2) ! Il faut dire que dans cette violation flagrante de la directive du ministre de la sécurité, c’est plutôt sa réaction qui nous inquiète ! Le ministre s’est juste contenté d’exhorter les kolgl-wéogo à se mettre en règle avec la loi. Un jeune burkinabè a été tué sans raison, et tout ce que le ministre trouve à faire, c’est d’exhorter les kolgl-wéogo à se mettre en règle !

2-/ Le ministre de la sécurité intérieure nous avait promis que « les personnes sur qui pèsent des soupçons d’infractions doivent être dénoncées et signalées aux forces de défense et de sécurité qui se chargeront de leur interpellation ». Or, nous savons que cela n’est pas le cas (3). Nous savons que bien trop souvent, ces mêmes forces de défense et de sécurité sont réduites à un rôle d’observateur pendant que les infâmes kolgl-wéogo sévissent. Ils sont à la fois juge et justicier, et cela, au grand jour, au vu et au su du ministre de la sécurité intérieure !

3-/ Le ministre de la sécurité intérieure nous avait promis que « Sont formellement interdits, les séquestrations, les sévices corporels, les traitements humiliants et dégradants, les cotisations forcées, les amendes, les taxes, les contributions aux dépenses et les remboursements de biens dissipés ». Un an après, nous savons que si des citoyens sont morts aux mains des kolgl-wéogo (2), c’est bien parce qu’ils ont été victimes de sévices corporels (4) ! Tialgo, qui défraye la chronique nationale de nos jours, montre bien que des amendes sont toujours illégalement levées, et les kolgl-wéogo sont prêts à enfreindre les deux autres mesures du ministre de la sécurité intérieure pour exiger leur paiement !

4-/ Le ministre de la sécurité intérieure nous avait promis que « Sont également interdits, les déplacements en groupe avec port ostensible d’armes à feu ou d’armes blanches ». Une fois encore, c’est Tialgo qui nous démontre que les kolgl-wéogo n’ont aucune cure de la mesure, puisque c’est bien une maladresse dans la manipulation d’une arme à feu qui a mis le feu à la poudre !

En somme, notre puissant ministre d’État a beaucoup de peine à se faire entendre par ses propres kogl-wéogo, quoiqu’il en soit le premier secrétaire national ! Les bavures, loin d’avoir cessé semblent plutôt avoir pris de l’ampleur, et même, comme une maladie contagieuse, ont atteint les forces républicaines de sécurité intérieure.

5-/ Les actes d’indiscipline caractérisée des forces de sécurité intérieure à l’égard de notre presse nationale sont très bien documentés (6). Des bavures dénoncées par les différents corps de la presse, mais ces dénonciations semblent tomber dans l’oreille d’un sourd.

6-/ La population civile n’est pas en reste non plus. On se rappelle les évènements de Dédougou (7), sur lesquels, jusqu’à nos jours, aucun rapport d’autopsie n’a été rendu publique pour situer les burkinabè quant aux faits ! Pourtant, en pareille circonstance, le devoir de l’autorité devrait être de rassurer le citoyen qu’il est en sécurité une fois entre les mains des forces de sécurité. Mais nous savons que cela n’est même pas vrai puisque, à plusieurs reprises déjà, des citoyens ont été arrachés des mains des forces de sécurité pour être lynchés (8) ou remis en liberté même (9) . À y penser, il n’y a aucune différence entre le comportement de la horde et celui des kolgl-wéogo. En fait, on pourrait même dire que la foule des lyncheurs s’est constituée en kolgl-wéogo.

7-/ Pression démographique obligeant, le crime (de sang) est aujourd’hui une réalité quotidienne au Faso ! Un tour d’horizon dans la presse, et l’on s’aperçoit rapidement que la menace sécuritaire des burkinabè ne vient pas seulement des terroristes.

En effet, à l’intérieur même de nos villes, il existe des zones entières coupées à la circulation à partir d’une certaine heure, sauf si vous avez l’intention manifeste de vous faire voler. Ces zones sont connues des citadins, de la police et de la gendarmerie. Pourtant, elles existent toujours !

Ayant attendu en vain que les forces de sécurité et de défense viennent à leur secours, des femmes burkinabè ont pris sur elles la responsabilité de marcher pour porter à la connaissance de l’opinion nationale, qu’elles sont victimes quotidiennement de meurtre ! (5)

8-/ La menace terroriste, quant à elle, reste entière, et les terroristes ont même l’audace de s’attaquer directement à des postes de gendarmerie (10). Malgré les menaces verbales prononcées en son temps après l’attaque du Cappuccino, les terroristes courent toujours impunément.

Le Nord de notre pays, à en croire certains écrits est une portion territoriale sous occupation djihadiste, ou l’État du Burkina-Faso n’existe plus depuis longtemps. Les fonctionnaires préfèrent même éviter la région depuis la mort d’un des leurs (11). Le ministre de la sécurité intérieure lui-même le sait puisqu’il a encore promis, comme à son habitude, de résoudre le problème (12). Les populations du nord du Burkina-Faso attendent toujours (13).

On pourrait penser que nous en voulons à M. Simon Compaoré, en appelant à son remerciement du ministère de la sécurité intérieure. Il n’en est rien ! Nous en voulons plutôt au ministre de la sécurité intérieure.

Nous en voulons au ministre, parce que la situation sécuritaire est grave, et nous avons passé le cap des promesses et des discours vaseux, d’autant que des burkinabè sont tués, alors même que cela aurait bien pu être évité !

9-/ Les bavures aussi bien des kolgl-wéogo que des forces de sécurité sont quotidiennes. Les Burkinabè attendent une police des polices forte, dotée des moyens financiers et juridiques nécessaires pour ramener l’ordre dans les rangs. Que nous offre, à ce sujet, le ministre de la sécurité intérieur ?

10-/ Tout a été écrit sur les kolgl-wéogo. Ils défrayent la chronique depuis bien trop longtemps. Les burkinabè attendent que la loi définisse clairement ce qu’ils sont comme entité dans la république, leurs attributions et leurs responsabilités. À l’heure actuelle, ils ne représentent en réalité qu’une milice mafieuse qui pourrait très rapidement devenir aussi dangereuse que les milices des narcotrafiquants en Amérique latine. Quel ministre de la sécurité intérieure, conscient, pourrait-il encourager une telle évolution des choses surtout lorsque l’on sait que, les narcotrafiquants voient l’Afrique de l’ouest de plus en plus comme la voie idéale vers l’Europe ! Quelle aubaine si des gouvernements encouragent la création de milices ! Bientôt, elles seront mieux armées que les forces de police et l’armée régulière elle-même, et à ce moment, le pays entier sera sous leur contrôle (14). Cela s’est déjà fait en Amérique latine !

11-/ La menace terroriste a presque coupé le pays en deux. Les terroristes règnent en maître dans certaines régions où ils s’attaquent même aux institutions de l’État. Les burkinabè attendent que leur nouveau service des renseignements commence à produire des fruits. Ils attendent que, face au besoin accru d’échanger rapidement les renseignements, toute la sécurité intérieure soit repensée. À défaut de fusionner police et gendarmerie pour en faire une seule force, au moins une interface d’échange entre elles, et même avec l’armée et les services de renseignements devrait être mise en place. En lieu et place de réformes profondes pour relever le défi de la lutte antiterroriste, c’est l’armée que le ministre de la sécurité nous envoie au Nord. L’armée dissuadera les islamistes de tenter une occupation totale comme au Mali, mais elle ne pourra rien contre les attaques sporadiques. Le renseignement est la seule façon dont nous pourrons prévenir les attaques.

À défaut de nous offrir une vision de la sécurité intérieure du pays en cette période lourde de challenge, c’est plutôt à des promesses que nous avons droit de la part de notre ministre de la sécurité intérieure. Des promesses d’ailleurs, dont nous attendons encore la matérialisation. Et pendant que nous attendons, c’est au moins une centaine de citoyens qui ont perdu la vie entre les mains des kolgl-wéogo, des forces de sécurité, des grands bandits et des djihadistes. Des morts dont nous aurions pu nous en faire l’économie !

Combien d’orphelins, de veuves et de veufs faudrait-il compter avant que le président du Faso se décide à agir ? Combien de fois encore, le président du Faso lui-même devra-t-il venir au secours du ministre de la sécurité avant qu’il se décide à le remplacer ?

Une démission ne serait point acceptable, parce qu’elle nous priverait, en tant que citoyen de notre droit de sanction pour insuffisance de rendement et manque criard de vision.

On ne doit pas jouer à la politique avec la sécurité des burkinabè.  Nul n’en sortira gagnant.

 

Koudraogo Ouedraogo

Blog : https://burkinafache2015.wordpress.com

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Références

 

Et pourtant, l’acte est indéfendable !

Dans cette « affaire du gendarme et du journaliste », plus je lis certains commentaires, plus j’ai honte pour mon pays, chose qui m’oblige à réagir par cette brève réflexion, car les tombes de nos compagnons de lutte sont encore fraiches et certains ont déjà hâte de retourner aux abus du passé que nous avons rejeté par la révolution des 30 et 31 octobre.

Si le gendarme faisait son « boulot », de quel boulot s’agit-il donc ?

Il y a une confusion monstre chez beaucoup de lecteurs, qui n’hésitent pas à donner raison au gendarme qui apparemment ne faisait que son boulot ! Choquant ! Quel boulot faisait-il donc ? La gendarmerie nationale a-t-elle pour boulot d’agresser les citoyens ?
Si le journaliste a enfreint à une loi ou à un règlement, il fallait le verbaliser, l’arrêter et le déférer au parquet ou lui coller une contravention si cela relève des pouvoirs de la gendarmerie !
Si le gendarme avait fait ainsi, et arrêter le journaliste, nul ne se plaindrait ! Si même, le gendarme avait essayé d’arrêter Mr. Sanogo, et avait été obligé d’user de la force pour le faire parce que ce dernier aurait résisté, nul ne se serait plaint !
Mais rien de cela ne transparaît dans cette affaire ! Tout ce que nous savons, c’est que le gendarme a utilisé la force publique dans un but non déterminé ! Une violence totalement gratuite ! En effet, on ne peut faire usage de la force publique que dans des circonstances bien précises, notamment si l’on rencontre de la résistance lors d’une arrestation ! Est-ce le cas ici ?

En quoi M. Sanogo représentait-il une menace ?

Le gendarme étant du GSPR, donc assigné à assurer la sécurité du président du Faso, on se demande du reste comment il a pu penser que le fait d’enjamber un cordon mettait à risque la sécurité du président du Faso qui n’était pas encore sur les lieux ?
Avant même d’être arrivé à Kaya, c’est un « bain de foule » nous dit-on que le président du Faso s’est offert à Ziniaré. Et pourtant, sa sécurité rapprochée ne s’est pas mis à terrasser tous ceux qui venaient lui saisir la main ! Comme quoi, assurer la sécurité d’un personnage publique requiert de la patience et surtout de la sérénité, de la vigilance et de perspicacité pour manager efficacement cette sécurité même dans les situations les plus difficiles comme un bain de foule.
Pourquoi alors, ce gendarme, à mille lieux du président du Faso estime-t-il que la sécurité de celui-ci est menacée par l’enjambée d’un cordon pour aller et venir dans un hangar qui n’abritera pas le président du Faso puisque réservé aux journalistes ?
Le maintien de l’ordre à cette manifestation relève-t-il des attributions du GSPR ? Ou le gendarme faisait-il du zèle à s’occuper de ce qui franchement, ne le regardait pas du tout ? Quel lien existe-t-il entre sécurité présidentielle et maintien de l’ordre autour d’un hangar de journaliste ?
Aucun !

Conclusion

Rien, mais franchement rien ne saurait justifier cette agression dont M. Sanogo a été victime ! Nous sommes dans un état de droit et les forces de défense et de sécurité doivent être les premières à respecter et appliquer la loi, ce qui veut dire, verbaliser, arrêter, mais ne certainement pas agresser.
Nul n’est censé ignorer la loi, surtout pas un gendarme qui est censé faire appliquer la loi. C’est pourquoi, le comportement de ce gendarme n’est peut-être justifie sous aucune circonstance, encore moins être accepté.
De plus, des burkinabè sont morts pour nous débarrasser du RSP, pour que la sécurité du président du Faso soit assurée par des forces de police, soumise à la loi et non des forces militaire en dehors de la loi. Le comportement de ce gendarme est un manque de respect pour ces martyrs, et cautionner ce comportement l’est encore plus.
Je recommanderai à M. Sanogo de porter plainte afin qu’en plus de son redéploiement hors GSPR, le droit soit dit dans toute son entièreté à ce gendarme, et que la sentence tombe sans appel !

Koudraogo Ouedraogo
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Lire aussi : http://lefaso.net/spip.php?article77162

Réformes de l’armée : Et si nous supprimions l’armée ?

Voici un sujet sur lequel, je mène la réflexion depuis quelques années déjà. À quoi servent les 11 000 (sinon plus) hommes et femmes mobilisés en permanence et entretenus aux frais du contribuable ? En avons-nous besoin ?

Du rôle de l’armée dans un État

Le rôle de l’armée est de défendre le territoire national.

Il arrive que d’autres missions non liées à ce rôle lui soient confiées. Par exemple, au Burkina-Faso, le secourisme est confié à l’armée à travers la brigade des sapeurs-pompiers. En Europe (Angleterre, France, Irlande etc.) on voit les militaires faire du secourisme pendant les hivers, lorsque les inondations menacent les populations : ils construisent des digues, évacuent les populations, ravitaillent les fermes isolées, etc.

L’armée, c’est la clé passe-partout dans beaucoup de pays, et il est dommage qu’au Burkina, elle ne soit pas réquisitionnée pour récurer les caniveaux afin d’épargner les populations des inondations à répétitions, surtout maintenant que l’assainissement est un droit constitutionnel, et que l’État risque de longues poursuites judiciaires par les victimes des inondations pour violation de leurs droits fondamentaux !

L’armée peut être utile, cela ne souffre pas de débat, mais quels facteurs militent en faveur de sa suppression ?

L’absence presque totale de conflits inter-états

Le Burkina-Faso et le Mali sont les seuls états ouest-africains à être aller en guerre l’un contre l’autre depuis 1960. La « guerre de noël » en 1984 fut la dernière.

Ailleurs sur le continent, les guerres entre états sont aussi rares : en fait, hors mis les guerres d’indépendance (Mozambique/Portugal et Namibie/Afrique du Sud), seulement deux autres conflits inter états peuvent être cités : la guerre Maroc/Mauritanie (1975) et plus récemment Erythrée/Ethiopie (1998)

L’inadaptation de l’armée à juguler des conflits internes

Si on peut noter avec satisfaction l’absence ou presque de conflits entre états, ce n’est pas le cas à l’intérieure même des états. L’époque contemporaine est marquée par une abondance des conflits internes : Liberia (1990), Sierra-Leone (1991), Guinée-Bissau (1998), Côte-d’Ivoire (2000), Mali (2012), pour ne citer que ceux-là.

Ces conflits internes ont mis à nu les carences des armées nationales qui se sont bien trop souvent retrouvées elles-mêmes divisées selon les lignes de démarcations des conflits, contribuant ainsi au problème plutôt qu’à la solution.

Du reste, la nature même des problèmes que soulèvent ces conflits internes requière des solutions politiques plutôt que militaires.

En effet, pendant longtemps, nous avons déploré la « balkanisation » du continent. Cependant, très peu de pays ont montré suffisamment de flexibilité lorsque certains nationalismes se sont manifestés. Peut-être que justement, la réponse à ces nationalismes est plus d’intégration régionale d’abord et africaine ensuite.

Beaucoup de critiques peuvent être faites à l’Union Européenne, mais très peu de gens renieront sa contribution à installer la paix dans l’union : la Corse, l’Ireland, les pays Basques, autant de mouvements indépendantistes armées qui ont déposé les armes pour aller à la table des négociations : pourquoi s’entretuer pour se retrouver dans la même union après ?

Concernant la menace islamiste, il faut noter que ce qui se passe en Syrie, au Nigeria et au Mali est plutôt exceptionnel : profitant de la faiblesse de l’État, ces mouvements ont vite conquis du territoire (l’État Islamique étant un parfait exemple), créant une ligne de démarcation permettant ainsi à l’armée d’intervenir. Leur mode opératoire cependant, s’apparente plus à ce que l’on peut voir en France, en Allemagne, au Burkina-Faso et en Côte-d’Ivoire ; des attaques terroristes ponctuelles limitées dans le temps et dans l’espace, relevant plus des services de renseignement et de police que de l’armée.

On se rappellera que la toute puissante armée britannique, l’une des plus expérimentées du monde et qui a beaucoup de succès, a dû s’asseoir à la table des négociations avec les islamistes en Afghanistan, après être arrivée à la conclusion qu’une victoire militaire ne serait point possible contre un ennemi qui n’avait que faire des méthodes conventionnelles de guerre.

En somme, l’armée n’est pas adaptée à ce nouveau type de conflit et par conséquent ne peut être que d’une utilité très limitées devant ces nouvelles menaces sécuritaires. En Grande-Bretagne justement, ce sont Scotland Yard (Police) et le MI5 (services de renseignements) qui sont au-devant de la lutte anti-terroriste. Aux USA, depuis les attentats du 11 Septembre, si l’armée américaine et la CIA ont ouvert des fronts à l’étranger, sur le territoire national, le FBI est celui qui est au-devant de la lutte anti-terroriste.

Manque d’équipement, de disciple et de motivation

Les problèmes d’équipement affectent toutes les armées de notre sous-région ouest-africaine. Même la puissante armée du Nigeria a dû se rééquiper avant de commencer à marquer des points contre Boko Haram. L’on ne peut pas passer sous silence le refus total de l’armée du Mali d’aller affronter les rebelles touareg, justement pour cause de manque d’équipements adéquats (en tout cas une des raisons données). N’eût été l’intervention des forces françaises, Bamako la capitale serait tombée aux mains des rebelles.

Les raisons de ce sous-équipements sont multiples : la faiblesse de moyens financiers, la corruption, l’inadaptation de certains équipements à notre environnent.

Les problèmes d’entrainement vont de pair avec ceux de l’équipement mais aussi de la discipline. Sans l’équipement nécessaire, il est difficile de pourvoir l’entrainement qu’il faut. Une armée qui n’est pas disciplinée ne peut pas réussir. On se rappelle l’ire des instructeurs américains de l’armée malienne au lendemain de sa déroute face à la menace touareg. Les seules choses qu’ils ont mis en cause était la discipline et la motivation. Il est difficile de motiver et discipliner une armée lorsque les recrues sont « appointées » par des politiciens véreux avec qui les officiers ont tissé des liens de complicités.

Les armées en Afrique de l’ouest ont toujours eu du mal à se soumettre à l’autorité politique civile. En fait le premier coup d’État en Afrique de l’ouest, intervenait dès le 13 janvier 1963 au Togo, soit moins de trois (3) ans après l’indépendance. Le dernière coup d’État ne date même pas encore d’une année, et intervint ici au Faso, le 16 Septembre 2015. A l’exception du Sénégal, tous les pays de l’Afrique de l’ouest ont dû faire avec les militaires à la tête de l’État, tant et si bien qu’un pays comme le Burkina n’en est à peine qu’à son deuxième président issu de la société civile depuis son indépendance ! Il n’y a pas meilleur exemple de cette indiscipline, que le cas du Gal. Y. Zida qui fait attendre le Président du Faso. Quel respect pourrait-il commander à ses troupes quand elles voient comment lui, il traite la plus haute personnalité du pays ?

Les menaces sécuritaires contemporaines

Nous avons déjà fait mention des conflits internes causés par les revendications à caractère nationaliste. À cela s’ajoutent les risques liés au terrorisme international, telle l’expansion du djihad islamiste à travers des affiliés comme Boko haram, AQMI, etc.

Une autre menace, nouvelle mais qui progresse très rapidement est celle causée par les narcotrafiquants d’Amérique latine en particulier. Il est bien connu que l ‘Afrique de l’ouest est désormais la zone de transit préférée pour acheminer la drogue vers l’Europe.

Finalement, géopolitiquement, l’Afrique de l’ouest, c’est tout de même 300 millions de consommateurs, et surtout des ressources minérales aussi. En poussant extrêmement les choses, on pourrait facilement imaginer un scénario ou les différents protagonistes de l’économie mondiale inciteraient la création de foyers de tension pour mieux s’approprier les ressources. Si cela se fait déjà au Congo, on peut bien l ‘envisager ici aussi.

Conclusion

En somme, pour l’effort que le contribuable consent, le tableau n’est pas très reluisant en presque 60 ans d’indépendance pour ce qui concerne les armées nationales.

De plus, la nature même des menaces auxquelles nos états sont confrontés a beaucoup changé depuis la création de ses armées nationales. La menace de déstabilisation aujourd’hui, du Burkina-Faso est plus forte des terroristes, narcotrafiquants et de la ruée vers les matières premières, qu’elle serait d’un pays voisin. Ces menaces relèvent à mon sens plutôt de la compétence des forces de police et de renseignement que de celle de l’armée. C’est pourquoi une suppression de l’armée pourrait bien être une alternative viable.

Aussi curieux que cela puisse paraitre, il existe beaucoup de pays qui ne possèdent pas d’armée : Le Costa-Rica, Haïti, la République Dominicaine, l’ile Maurice, L’Islande, etc.

D’autres pays comme la Suisse, Singapour n’ont pas d’armée de métier, c’est à dire que tous les citoyens forment l’armée.

Il existe donc des modèles que nous pourrions étudier ou imiter si nous voulions nous engager dans cette voie.

Toute suppression de l’armée, pour réussir devrait :

  • Etre décider par le peuple souverain par referendum
  • Garantir aucune perte d’emploi : l’armée finit quand la dernière recrue va à la retraite. En Guinée-Bissau, elle a justement fait un coup parce que les politiques s’apprêtaient à la supprimer.

Même les pays riches, producteur d’armements sont entrain de repenser l’armée et tous tendent à la faire plus petites, plus automatisée. Aux USA, en France, au Royaume-Uni les effectifs de l’armée ont été réduits, on utilise de plus en plus des drones pour effectuer certaines tâches allant jusqu’au bombardement, et la recherche en robotique pour construire le parfait soldat n’a jamais été aussi assidue.

Un pays importateur d’armement peut-il vraiment se défendre quand les puissances se réservent toujours l’option du nucléaire ?

Que perdrons-nous en supprimant l’armée au Burkina-Faso ?

Koudraogo Ouedraogo

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« Le soleil Zida », ce nouvel astre de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE, 4/4

A l’évidence, Christophe DABIRE, piétinait d’impatience d’en « découdre » avec moi. A priori, je n’ai pas vraiment de problèmes avec cela. Seulement, il y a dans sa démarche des éléments sur lesquels je voudrais revenir dans cette dernière partie avant de conclure.

La « réponse » par l’interpellation

C’est une démarche que je trouve pour le moins saugrenue. Dans un débat d’idée, on ne répond pas à une personne. On contredit un certain point de vue en apportant des preuves et des arguments pour supporter le contraire. Ce n’est pas une opposition entre des personnes. Personnellement, je ne connais pas C. DABIRE ! Seulement, quand il exprime publiquement des vues qui vont à l’encontre de ce que je pense, je lui apporte la contradiction sur ces vues, tout en évitant de « personnaliser » le débat. Je présente simplement l’autre face de la médaille. Ce n’est pas une façon « d’esquiver », ni de « fuir » le débat, bien au contraire, on y entre de plein pied.

Si on ne supporte pas la contradiction, on évite donc de partager ses opinions ! C’est aussi simple que cela. Une opinion n’est pas une vérité mathématique.

Du reste, c’est ce qui se fait dans le domaine académique de la science, et sans doute de la philosophie aussi. Lorsqu’une publication paraît dans un journal et que vous avez des doutes, vous faites votre propre analyse du même phénomène pour voir si vous arrivez aux mêmes conclusions. Sinon, vous spécifierez que votre étude, ne vous permet pas de corroborer les résultats précédemment obtenus par X et Y.

Ecrire un blog, je le sais n’est pas écrire un article de journal, mais quand même ! Nous n’écrivons pas pour nous donner en spectacle ! Contredire un argument n’a rien de personnel ! Interpeller une personne a tout de personnel ! Il faut faire cette nuance ! Il y a ce pas à ne pas franchir ! Les burkinabè ne s’intéressent point à nos égos !

Ceci dit, c’est la première et aussi la dernière fois que je répondrais à une telle interpellation.

La maladresse

C’est son introduction et son pseudonyme qui nous en donne une indication : « Les deux dernières sorties de M. Ouedraogo (je reprends l’orthographe de l’intéressé lui-même) sur Lefaso.net sont, paraît-il, des « réponses » à deux de mes articles sur Zida et sur la relation Burkina/Côte d’Ivoire.” Plus loin dans les commentaires, le pseudonyme SOME, nous cite ses échanges avec un des lecteurs. C’est le commentaire 9. SOME, à ma réflexion précédente, était revenu à la charge avec « Ce pauvre Kouraogo se croit obligé de réagir face à l’article de Debsoyir C Dabire alors qu’il n’a même pas la moitié de ses capacités, ni intellectuelles, ni morales”, et au pseudonyme KA de lui répondre « SOME, C’est toi qui verse ta face à chaque que Koudraogo écrit. Si tu es garcon attaque le comme tu pretend connaitre.”, et SOME de conclure “Il a trouvé réponse de garcon en Dabire. Il est où ton visage ? Mais peut-il comprendre ? Le pauvre ! »

Le 14 Août, SOME se voit lancer le « challenge » de répondre à Koudraogo Ouedraogo, et que le 18 Août, c’est DABIRE qui « répond » à Koudraogo Ouedraogo. En considérant le propos de C. DABIRE sur la confusion entre intégrité et intégrisme religieux, on peut avec très peu de risque de se tromper, déduire que :

  • SOME et DABIRE se connaissent – auquel cas, c’est SOME qui apporte la nouvelle de la « réponse » à DABIRE,
  • ou alors, SOME et DABIRE sont la seule et même personne.

SOME se plaint du mot « saint » que j’utilise, c’est DABIRE qui écrit « Ne confondons pas intégrité et intégrisme au « pays des hommes intègres” » (4) pour fustiger l’utilisation du mot « saint » (3), utilisation qui trahirait un certain « l’intégrisme religieux ».

Comme je n’y ai pas répondu, monsieur pensa que je ne l’avais pas lu puisqu’il ne me citait pas nommément ! Ce qui explique son « Car si les titres ne me nomment pas, il y a des risques que je ne lise pas ses réactions pour y donner suite, si quelqu’un d’autre ne m’en informe pas.»

C’est cette suite des idées, cette cohérence dans la pensée entre SOME et DABIRE, qui finit par trahir et par nous démontrer que ces multiples personnalités, ne sont en fait que la seule et même personne physique : C. DABIRE.

C’est une maladresse que de parcourir le forum de LeFaso.net sous divers pseudonymes ! Une maladresse parce que du coup, on se demande ce qui se passe vraiment : Quand SOME commente sur les articles de DABIRE et que SOME et DABIRE sont la même personne, combien d’autres SOME, KA etc. se rapportent à la seule et même personne de C. DABIRE ?

Tu jettes un discrédit non seulement sur toi, mais aussi sur tous les autres – moi inclut – honnêtes citoyens qui cherchent à ouvrir le débat en partageant leurs contributions.

Tu écris tes articles pour commenter toi-même dessus sous plusieurs pseudonymes ? Dans quel but ?

Conclusion Générale

  1. DABIRE, cela est apparent pour tous que lorsqu’il s’agit de Zida, tu perds complètement tous les repères. On ne compte plus le nombre d’articles que tu as signé pour vanter les mérites de cet homme, révisant parfois même l’histoire pour servir sa cause.

Tu devrais avoir l’humilité de reconnaitre que tu serais la dernière personne à rester raisonnable lorsque le sujet traite de près ou de loin de Zida.

Je suis certain que plus d’une personne a dû te demandé si tu étais passé conseillé personnel de Zida, comme les Nyamsi pour Soro et Dijbo pour Blaise. L’honnêteté intellectuelle voudrait que tu nous en informes.

Les burkinabè ont décidé que plus rien ne sera comme avant, et à vrai dire, il n’y a pas une meilleure période de notre histoire, que la transition, pour commencer à demander des comptes.

Cela ne veut pas dire que les autres périodes de notre histoire en sont exemptes ! Au contraire ! Mais la transition est encore fraiche dans les esprits et on pourra aller plus vite, avec beaucoup plus de chances de succès. Une fois que c’est terminé avec la transition, on passera aux autres périodes.

A qui la faute si la justice n’est pas indépendante ? Douze mois de transition, c’était pour ça aussi non ?

Koudraogo Ouedraogo

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Références

 

« Le soleil Zida », ce nouvel astre de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE, 3/4

Je note avec satisfaction le glissement sémantique que C. DABIRE fait en insistant plus sur l’intégrité de « soleil Zida » – nos arguments ont dû convaincre quand même – mais plutôt sur son patriotisme.

Analysons ses arguments dans cette troisième partie de ma réponse.

La patrie ou la mort …

C’est ainsi que C. DABIRE conclut sa « réponse ». Parlons justement de « la patrie ou la mort ».

C’était un matin de décembre 1998 pas comme les autres. Ce jour-là, j’étais passé par le cimetière de Goughin pour enterrer, un frère, un ami, un héros, un martyr : Nobert Zongo. Cela faisait des années que je ne manquais presqu’aucun numéro de « l’indépendant ». Je me devais donc d’aller payer mes respects à ce courageux journaliste que l’on venait d’assassiner lâchement. Au cimetière, les passions ont très vite pris le dessus, et une marche spontanée sur la Présidence du Faso commença, et par quelques hasards, je me retrouvais aux premiers rangs de cette foule immense qui descendait sur la présidence.

C’est à la jonction Avenue Kadiogo/Boulevard Naba Zombre que nous rencontrâmes la gendarmerie nationale venue pour disperser la marche. Comme beaucoup d’autres qui étaient aux premières lignes, j’ouvris des pourparlers avec le gendarme qui me faisait face :

Koudraogo Ouedraogo (KO) :  Mon frère, nous n’avons aucun palabre avec vous. Aujourd’hui, le palabre c’est avec celui qui est à la Présidence du Faso. Nous devons y arriver pour lui dire que cela ne peut plus continuer et qu’il doit partir maintenant. Trop, c’est trop, et nous faisons ça pour vous aussi, parce que demain, cela peut être vous à la place de Norbert. Alors, laissez-nous passer.

Gendarme (G) : Je vous comprends. Mais cette marche n’a pas d’autorisation et vous ne pouvez plus avancer. Ce sont les ordres.

KO : Je sais. Remarquez que nous avons donné des consignes de discipline. Depuis le cimetière, y a eu très peu de casse, parce nous ne sommes pas des voyous.

G : Mon frère, ce n’est pas moi qui décide. Il faut arrêter la marche.

KO : Désolé mon frère. On ne peut pas. Les gars, donnez-vous les mains et formons une chaine humaine et avançons ensuite.

Ainsi, donc, main dans la main, nous entamâmes de forcer le barrage de la gendarmerie. Nous avancions et eux ils reculaient. Cela a duré entre une cinquantaine et une centaine de mètres sur l’avenue Kadiogo.

La chaine humaine en tête de la marche (ou je me trouvais) avait passé l’avenue O. Coulibaly d’une trentaine de mètre quand la clameur derrière nous s’éleva, « On tire, on tire ».

Je me retournai pour voir que c’était la débandade générale derrière. Quand je me retournai, à nouveau :

G : Mon frère, il faut courir sinon je dois vous arrêter.

KO : Faites votre devoir mon frère. Quand je sors pour marcher, je marche, je ne cours pas.

Certains gendarmes revenaient déjà vers nous avec des citoyens arrêtés dans leur course. Je devisais encore avec le gendarme, lorsqu’arriva le sous-officier (SO) qui dirigeait les opérations à ce niveau-là sur le terrain :

SO : Mais qu’est-ce qui se passe là ? Qu’est-ce qui se passe ?

G : Chef, il a refusé de courir – me pointant du doigt -, alors je l’ai arrêté

SO : ah oui, ah oui, (Gifle de la droite, gifle de la gauche)

KO : sourire

SO : (Me donne un coup du pied). Montez dans la jeep. Dépêchez-vous. On va voir ça.

Quelques minutes plus tard nous arrivions au Camp de Gendarmerie de Passpanga (MACA). L’accueil fut le même pour moi à ma descente de voiture : gifles, coup de pieds, etc. : Il n’y avait un meneur à briser.

Je vous passerai des détails croustillants du reste. En fait je ne m’en souviens même pas clairement, parce que mon corps a fait un « shut down » défensif, quelques temps après ma descente de voiture : ce trop-plein d’adrénaline qui agit comme de la morphine et vous rend insensible à tous : les arasements de tête, les « manœuvres » diverses, les arrosages d’eau – en décembre -, la dépravation du sommeil, etc.

Mais, je me rappelle encore ce jeune homme qui éclata en sanglot lorsque le bruit courut parmi nous que les manifestants qui avaient été arrêtés par les éléments du Conseil avaient été exécutés. C’était le lendemain de notre arrestation. Devant son désarroi, je ne trouvais rien à dire sauf « mon frère, s’ils vont nous tuer, ils le feront et pleurer n’y changera rien. Autant partir la tête haute pour ton pays. »

Quelques moments plus tard, les prisonniers étaient pris un par un, manu militari et emportés. Pour plus d’un, ils étaient acheminés non loin au Conseil, pour y être exécutés.

Lorsque mon tour vint, l’on m’amena dans un petit bureau ou l’on me fit signer des papiers et l’on me signifia que j’étais à nouveau libre. Je m’enquis des autres, avant de sortir du camp.

Aucune charge n’avait été retenue contre nous.

Vous connaissez le reste de l’histoire et de cette lutte que nous avions commencé, jusqu’au rétablissement de la limitation des mandats par l’article 37 en 2001.

Cette petite histoire, C. DABIRE pour dire que, « la patrie ou la mort », c’est dans mon corps que je la porte. C’est tous les matins à mon réveille, tous les soirs à mon couché. Elle fait partie de moi, comme mon oreille, mon cœur ou quelque autre organe de mon corps.

Cet élan, patriotique, beaucoup l’ont connu en 98 avec moi, pendant que « soleil Zida » était sans doute du côté des tortionnaires et des bourreaux.

Qu’en est-il du patriotisme de « soleil Zida » ? C’est la définition D’Alembert qui me vient à l’esprit lorsque j’y pense : « Le patriotisme dans les âmes vulgaires, je ne dis pas dans les grandes âmes, n’est guère que le sentiment de son bien-être, et la crainte de le voir troubler. » Il ne pouvait pas si bien dire, et pour cause :

C’est au soir du 31 Octobre 2014, que tout commence : le RSP est en déroute et exfiltre la seule personne qui lui donnait une raison d’être : le Président du Faso. Le peuple hésite à affronter le RSP dont il ne connaît ni la puissance de feu, ni la détermination à camper sur sa position. Dans ce cafouillage monstre, Zida bluff, il pêche en eau trouble et gagne alors le support de quelques OSC. En l’espace de quelques jours, la nation entière est trahie, les institutions de la république sont dissoutes, l’armée est muselée et Zida et son RSP sont au pouvoir. Il se bombarde Chef de l’Etat et Président du Faso : le RSP devait à tous les coups survivre, se trouver une raison d’être.

Mais le peuple n’est pas dupe. Il se mobile, il scande « Zida dégage ». C’est alors qu’il allait nous montrer son vrai visage. À la RTB, les balles meurtrières de ses éléments pleuvent sur une foule qui n’avait pour arme que leurs pancartes. Il appela cela « maintenir l’ordre ». Oui, le maintien de l’ordre ancien : la révolution était confisquée. (10)

Mais le peuple reste mobilisé, la communauté internationale lui prête main forte. Des concessions sont obtenues, son nouveau job lui est retiré et les institutions de la république sont rétablies. Il garde quand-même la main mise sur l’exécutif en tant que premier ministre.

En tant que premier ministre, il s’assoit sur le dossier des martyrs de la révolution des 30 et 31 octobre 2014. Le peuple crie justice, il les distrait avec les dossiers de T. Sankara et N. Zongo, non sans avoir aidé les principaux accusés à prendre la clé des champs. (16)

Le dossier des martyrs de la révolution est plus frais dans les esprits, tous les protagonistes sont connus, rien à faire. Plutôt que de nous rendre la justice, des indemnisations sont offertes aux familles ; elles sont semble-t-il dérisoires. Pourtant les bonus de fin d’année sont payés au RSP, dont il est toujours membre.

Le peuple demande la dissolution de son régiment, il leur répond : « Je voudrais préciser devant votre auguste assemblée que l’armée a besoin du RSP, le pays a besoin du RSP. Nous sommes en train de travailler pour lui donner beaucoup plus d’importance, lui donner une bonne place au sein de la nation. On ne peut dissoudre un régiment de cette façon. Comme le dirait quelqu’un, si vous tuez votre chien parce qu’il n’aboie pas, c’est la chienne du voisin qui va vous mordre. Ça fait 20 ans que je suis au RSP, je connais les capacités de ce régiment, je confirme que nous en avons besoin. »

Le peuple reste mobilisé. Zida est coincé : tel est pris qui croyait prendre ! Sa marge de manouvre se rétrécit chaque jour. Son régiment s’impatiente ; il passe à l’action. Le peuple finalement a raison du RSP.

La transition se termine, c’est la panique, la mission a échouée, il va falloir tout de même se trouver un job ; il se bombarde général, cela ne suffit pas, ambassadeur. Le Faso est trop poussiéreux comme disait Ram O : Il installe sa famille au Canada.

Un nouveau pouvoir s’installe à Ouagadougou. Le commandant en chef lui assigne une autre mission qui n’est pas diplomatique : c’est un non catégorique. Il demande au premier des burkinabè de magouiller avec lui. Quel culot ! Un peu de respect pour l’office quand-même ! C’est tout de même le pays des « Hommes Intègre » !

Il veut être mis en évacuation sanitaire, pourtant cela ne se fait même plus, en tout cas pas au compte de l’Etat. N’empêche, les règles ne se sont jamais appliquées à un RSP (ex-RSP, il oublie). Il veut dépenser son salaire de général que lui paye le pauvre contribuable burkinabè là-bas au Canada, au profit du riche contribuable canadien.

De quel patriotisme nous parles-tu donc ?

Coup d’Etat salutaire ?

De la « fameuse » tentative de coup d’Etat que tu nous rapportes : «une journaliste burkinabè, apparemment bien renseignée, Mme Caroline Ouanré qui, paraît-il, n’est pas particulièrement pro Zida (mais quand l’on est raisonnable, objectif et honnête on n’a pas besoin de « rouler pour quelqu’un » pour dire les faits), a pu même relater que pour le 15 octobre 2014, soit le jour anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, et 15 jours avant l’insurrection, Zida et des camarades officiers avaient préparé un coup d’Etat pour retirer le pouvoir à Blaise, et empêcher que le Burkina soit remis à des mercenaires. Coup trahi auprès de Diendéré par l’un d’eux, et donc échoué (Zida et ses camarades emprisonnés et libérés le 12 octobre ) » (7). ?

Mais tu ne cesses de m’étonner !?

  1. Si Mme Caroline Ouanré s’y connaît – et tu le dis du reste – en éthique et en déontologie, je suis certain qu’elle nous a relaté des faits découverts par son enquête sans les présenter comme un fait de patriotisme comme tu le fais.
  2. Mme Caroline Ouanré, a dû sans doute rester sur sa faim, et lancer un grand nombre d’interrogations que tu omets dans ton argument : Depuis quand – dans une démocratie, et nous le sommes depuis 1991 – les coups d’Etat sont-ils des affaires entre militaires ? Pourquoi Diendéré garderait-il un putschiste dans ses rangs ?
  3. Tu méconnais allègrement ma pensée sur les coups d’Etat. Une pensée que j’ai exposé dans ma réflexion « La liberté d’un peuple ne se donne pas, elle se conquiert ! » depuis 2012. (12) Je me permets de te citer une fois encore de larges pans de cette réflexion : « Les problèmes politiques ne se résolvent pas avec des coups d’Etat ! Comme je l’ai souvent expliqué, la démarche qui conduit à un coup d’Etat est une des plus ignobles :

– il y a d’abord la haute trahison de l’Etat en ce sens que l’on prend la décision d’imposer sa propre vue à toute la nation, plutôt que de laisser ceux que le peuple a élu à leur place,

– ensuite, il y a le détournement et la corruption : Les armes et les hommes de l’Etat sont détournés et corrompus pour exécuter le coup d’Etat. » (12)

« En clair, l’auteur d’un coup d’Etat est un malhonnête de la pire espèce ! Il n’ y a rien de bon à attendre d’un tel personnage.  Je vois déjà les doigts qui pointent vers le Niger ! Oui, ils ont rendu le pouvoir, mais non sans s’être servis, et très largement pendant cette courte transition. Les châteaux ont poussé de façon spontanée et même s’ils ne sont plus en avant aujourd’hui, tout le monde sait la déférence que la classe politique leur voue ! ». (12)

« Justifier un coup d’Etat, c’est aussi admettre que n’importe quelle bande armée, pas nécessairement de l’armée régulière, puisse venir chasser les dirigeants pour établir un ordre nouveau quand « ça ne va pas ». Quand les Touaregs le font, on parle de rébellion ! Pourtant il n’y a aucune différence ni dans le fond, ni dans la forme avec ce que Sanogo a fait : une bande de voyous armés veulent imposer par la force leur vision des choses ! C’est ce que Kabila a fait en son temps avec la bénédiction des Sassou, Bongo et autres ! Ces derniers – les soi-disant rebelles – seraient même plus fréquentables que les premiers parce que eux au moins ne commettent pas forcement le détournement des armes du peuple ! ». (12)

Et de conclure « Il n’y a pas de coup d’Etat salutaire. La liberté d’un peuple ne se donne pas ! Le peuple doit lui-même conquérir sa liberté ! Pour me comprendre, comparez la Tunisie et l’Egypte à la Libye ! La communauté internationale à essayer de donner la liberté au peuple libyen, aujourd’hui ils s’entretuent toujours pendant que les autres ont assis des institutions pour passer à l’étape qui suit. » (12)

Alors, C. DABIRE, pour faire un coup d’Etat, il faut d’abord trahir l’Etat, les institutions de la république. Cette trahison, « soleil Zida » l’a fait lorsqu’il a dissous les institutions de la république pour se « bombarder » Chef de l’Etat, Président du Faso. Même au Burkina, il faut désormais, depuis 1991 être élu à ce poste ! Un coup d’Etat perpétrer avec la bénédiction de certaines OSC qui comptaient déjà leur CFAs, une forfaiture que je dénonçais déjà le 2 novembre 2014 (14), et encore le 11 novembre. (11)

Clairement, « soleil Zida » a trahi sa patrie pour ses intérêts propres. Les preuves se font plus accablantes chaque jour. Quelques heures avant de venir lever les points à la place de la nation, voici que faisait « soleil Zida » : «  La zone allant de l’hôtel Palace à Laïco (emplacement de la chaine de télévision BF1), était sous la protection d’éléments du RSP dirigés par
le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida alors chefs des opérations du RSP sur le terrain. Il était secondé par le capitaine Hamidou Kouda et le lieutenant Noumoutié Traoré.

A hauteur de palace Hôtel ces éléments ont commencé à tirer d’abord en l’air, puis ont ouvert le feu en tirant à balles réelles dans la foule. Cela a perduré jusqu’au niveau du siège de la direction générale des douanes de Ouaga 2000. Il en a été de même lorsque les manifestants étaient parvenus vers le siège de BF1 TV. Quarte (4) personnes ont trouvé la mort sur le trajet, de nombreuses autres ont été blessées dont certains par balles réelles. » (13)

On comprend aisément pourquoi le dossier des martyrs de la révolution n’a jamais avancé sous Zida. Comment expliquerait-il au peuple, que le 2 Novembre, pendant qu’il avait déjà volé la révolution du peuple, des citoyens étaient froidement assassinés à la RTB ? Comment justifier sa forfaiture de l’hôtel Laïco?

Conclusion :

  1. DABIRE, j’ai toujours critiqué et au grand jour l’opportunisme des RSS (10), (15).

Mais tout de même, la comparaison tient-elle entre l’opportunisme politique des RSS et celui de Zida, qui marche dans le sang encore chaud des martyrs de la révolution pour venir confisquer la révolution du peuple ?

Sans rancune, mon frère et ami insurgé.

Koudraogo Ouedraogo

Blog : http://burkinnafache2015.wordpress.com

Membre, Faso 2020 : http://faso2020.org

Références

« Le soleil Zida », ce nouvel astre de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE, 2/4

Analysons à présent, l’argument de C. DABIRE qui fait de moi plutôt que lui, celui-là qui est ému par l’« amitié et la fraternité » au point de « refuser à bien tendre et ouvrir les leurs (oreilles) et entendre raison lorsque les Burkinabè parlent de justice ».

Et pourtant, nous n’en avons cure ni de l’amitié ni de la fraternité dans cette affaire !

20% ne sont pas 100% ou 80%. Et pourtant !

Commençons donc par la contradiction que C. DABIRE prétend m’apporter sur l’argument économique que j’ai développé dans ma réflexion précédente (6). Il s’exclame en ces termes : « Mais, que l’on sache, ces importations ne sont pas des dons ou aides humanitaires des Ivoiriens pour les Burkinabè, par charité, mais s’inscrivent dans une logique d’échanges commerciaux entre voisins, donc importations payantes !». Or, il est bien connu qu’il ne suffit pas d’avoir de l’argent pour acheter un bien. Encore faut-il que le bien soit sur le marché ; et de plus, que vous ayez accès au marché. Sans accès au marché à quoi vous servira votre argent ? C’est cet accès qui, du reste, défini ici les fameux liens « d’amitiés et de fraternité », dans le sens bien sûr du commun intérêt. Le marché ghanéen est beaucoup moins accessible au Burkina-Faso que le marché ivoirien. Un fait qui s’explique simplement par des liens de transport – en plus de la route nous avons une voie ferrée qui va jusque dans la capitale économique de la Côte-d’Ivoire, non sans passer par la nôtre -, une langue – officielle – commune, une monnaie commune, des accords économiques communs dans le cadre de l’UEMOA, etc. Il est donc indéniable, que la Côte-d’Ivoire et le Burkina-Faso sont beaucoup plus intégrés que le Ghana et le Burkina-Faso. Une intégration reconnue et soutenue par les plus hautes institutions financières du monde. (9) Alors, non, M. DABIRE, je ne « repousse » pas la raison de l’histoire pour la remplacer par une autre qui serait économique, je repousse l’histoire des origines, pour la remplacer par l’histoire de l’économie, c’est-à-dire, le comment du pourquoi nous sommes – économiquement, cela s’entend- là où nous sommes aujourd’hui.

C’est cette histoire de l’économie, qui vous apporte la contradiction lorsque que vous affirmez « Mais 20% ne sont pas 100% ou 80%. .. Et les 80% des autres importations qui ne viennent pas de la Côte d’Ivoire, qu’en faites-vous ? ». Heureusement, d’autres avant moi se sont déjà penchés sur la problématique. Je me permets de vous citer de larges pans de leur analyse :

« L’impact de cette crise s’y est d’abord fait sentir sur le secteur du transport. En effet, avant la crise ivoirienne, le port d’Abidjan constituait le plus important point de transit des marchandises à destination du Burkina Faso. La RCI est en effet le seul pays côtier et frontalier à disposer d’un axe ferroviaire reliant la mer à Ouagadougou, la capitale. Comme il n’existe pas de substitution possible, il en est résulté une relative dépendance des opérateurs économiques burkinabè vis-à-vis du port autonome d’Abidjan. En effet, le chemin de fer reste très compétitif en terme de coût de revient par marchandise transportée. De plus, le délabrement du réseau routier ralentit l’acheminement des produits et met à rude épreuve le parc automobile. »  (8)

« La fermeture des frontières entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire est donc une contrainte majeure pour les opérateurs économiques burkinabè qui se sont orientés néanmoins très rapidement vers d’autres pays côtiers comme le Ghana, le Togo et le Bénin. Cette situation a cependant occasionné une augmentation de leurs frais de transport. La déviation d’une partie du fret malien, nigérien et burkinabè sur Lomé au Togo et Cotonou au Bénin a aussi eu pour effet d’intensifier le trafic routier sur l’axe Koupéla-Ouagadougou, dont le bitume avait été refait en août et septembre 2002. A peine quelques semaines plus tard, le revêtement commençait à subir des dégradations importantes dues à la surcharge des camions, alors même que ces travaux de réfection n’étaient pas encore réceptionnés. » (8)

« De même, la diminution des recettes est évidente pour le Trésor public du Burkina Faso… » (8)

« Outre l’augmentation des frais de transport, et donc du prix des marchandises, de la dégradation des routes et du parc automobile, la crise ivoirienne a eu des répercussions sur l’emploi au Burkina Faso. » (8)

« ..(Sitarail).. Son manque à gagner s’élevant à 60 millions de francs CFA de bénéfice mensuel, elle a dû mettre au chômage technique une partie de son personnel d’exploitation. »

« Bobo-Dioulasso, capitale économique, .., la crise ivoirienne a un impact considérable sur l’activité économique avec, à court terme, des répercussions sur l’emploi et les revenus des populations. »

Et de conclure, « La crise ivoirienne pèse donc sérieusement sur l’activité économique du Burkina Faso ».

Voilà qui montre, si le besoin en était, que « toucher » au 20%, affecte l’ensemble du système : « 20% ne sont pas 100% », et pourtant !

Il apparait donc que mon argument ne s’embarrasse point de sentiments, mais s’appuie plutôt sur des observations économiques.

Qui, de toi ou de moi, ignore cette histoire pourtant récente, pour se lancer dans des théories sans fondements ni historiques, ni politiques, ni économiques, ni même juridiques ? Et tu oses parler d’obscurantisme à mon égard ?

En effet pourquoi, dites-le nous, courrions-nous le risque d’affecter tout le pays ? Quel tort a été fait au Burkina-Faso dans cette affaire ?

Tu vas trop vite en besogne

Si vous descendiez, juste un instant de vos grands chevaux, pour faire montre d’un peu de raison, de moins de passion et rechercher le sujet, vous vous seriez rendu compte que la date des enregistrements sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est celle du 27 Septembre 2015, soit presque 10 jours après le coup d’Etat du CND ! (10)

Expliquez-nous donc, comment le 27 Septembre, des individus comploteraient encore le coup d’Etat qui avait eu lieu presque 10 jours auparavant, comme vous le prétendiez :

«Cette affaire de mandat d’arrêt contre le PAN ivoirien suite au putsch de Diendéré..  est au contraire d’abord judiciaire avec évidemment un peu de politique, de diplomatie et de juridique, si le plaignant n’est pas seulement l’Etat burkinabè mais les familles des victimes du putsch ».(5) Combien de burkinabè furent victime d’actes directement ou indirectement liés à cette conversation ?

Si vous émettez des doutes sur la date, et pensez alors que la conversation date d’avant le coup d’Etat, expliquez-nous donc, pourquoi votre « soleil Zida » n’a pas déjoué le coup et sauver ainsi, la vie de nos martyrs qui sont morts pour défendre la démocratie ?

Du reste, le transcrit de la conversation (11) vous donnera beaucoup de fil à tordre dans ce cas.

Quel tort, dans cette conversation (11) est fait au Burkina-Faso, à part celui d’avoir pris le mauvais parti ? À part d’avoir – si on ose pousser les choses – « proférer » des menaces ?

Or, à propos de proférer des menaces, vous écriviez, «La courageuse citoyenne Safiétou Zongo Lopez est convoquée et entendue par la justice parce que des propos d’elle menaceraient non pas les citoyens et l’ordre public mais un palais de justice ». (4)

Pourquoi le parallèle entre les deux situations ne vous saute-t-il pas aux yeux ? Parce que vous êtes doublement aveuglé par l’émotion d’une part et la passion pour votre « soleil Zida » d’autre part.

L’émotion t’aveugle tant

C. DABIRE, la passion vous anime tellement que vous n’avez même pas lu ma réflexion (6) qui n’est aucunement basée sur « l’amitié et la fraternité ».

En fait, l’expression n’y apparaît qu’une seule fois, dans mon introduction «.. le dauphin constitutionnelle d’un pays frère et ami ».

Je vous défie de trouver une seule phrase dans ma réflexion qui vient en défense de M. Soro !

C. DABIRE, vous êtes si aveuglé par l’émotion que vous ne remarquez même pas que 4 millions de burkinabè ne sont pas en Côte d’Ivoire à cause d’une quelconque amitié avec la Côte-d’Ivoire ! Ils y sont pour des raisons économiques. Ils y sont allés pour travailler, et y sont restés pour gagner une vie.

L’intérêt du Burkina Faso en Côte-d’Ivoire est économique ! C’est pourquoi, C. DABIRE, on s’en fiche éperdument de ton « amitié et fraternité », dont tu nous rabâches les oreilles. C’est aussi la raison pour laquelle on s’en fiche doublement que les Mossi, Lobi et Dagara viennent du Ghana. Cela n’a rien à voir avec le sujet !

En outre, ton argument ne tient pas la route non plus ! L’expression « pays frère et ami » n’a pas forcement grand-chose à voir avec les origines. On n’est pas frère, que seulement parce que l’on partage la même lignée parentale ou ancestrale !

On peut être frère, parce que l’on partage le même combat. On peut être frère parce que l’on a les mêmes aspirations.

Ainsi, les soldats sont-ils des « frères d’armes », les chrétiens des « frères en Christ », les musulmans des « frères musulmans » etc. Sous la révolution, le peuple palestinien est devenu « frère et ami » du peuple burkinabè qui partageait son combat pour l’émancipation. De même que les peuples d ‘Afrique du Sud, de la Namibie et je ne sais quelles autres contrées où nous retrouvions cette fraternité dans la pensée et l’action. Cite J. Ky-Zerbo si tu veux, pour faire cultivé, mais saches que cela n’apporte rien à ton argument, qui lui-même est hors sujet !

Merci du rappel sur la proportion de l’aide internationale dans notre budget. Il faudra tout simplement réviser le pourcentage à la hausse si les 20% venait à être perturbés : 90% ?, 99% ?, est-ce moins troublant pour vous ?

Finalement, nous notons, C. DABIRE, que vous vous y connaissez bien s’agissant de la sagesse des Koffi Olomidé (1) et Gadji Celi (7). Nous n’avons nul doute que vous excellez aussi à les danser puisque le Nègre de Senghor – que vous connaissez tant – « est un être rythmique. C ‘est le rythme incarné … Instinctivement ils dansent leur musique, ils dansent leur vie ».

Conclusion

Une fois encore, comme ce fut le cas dans sa réflexion précédente (4), C. DABIRE prend un seul mot (‘saint’ avant, maintenant ‘frère et ami’) et se lance dans des contorsions impossibles pour à la fin ne rien prouver ni apporter au débat. Une diarrhée verbale qui ne s’appuie même pas sur les faits, mais plutôt sur une prétendue acerbité de sa plume.

Or des arguments plats, même énoncés par les plus belles plumes, resteront plats.

Quant à moi, je me plais bien à être un quidam. Pourquoi penses-tu que je garde si jalousement mon identité ? Quidam à qui tu dois tout de même (en partie en tout cas) certains de tes droits fondamentaux reconnus dans la constitution : droit à l’éducation, à l’assainissement (12) et même l’arrêt des évacuations sanitaires afin de forcer le développement de nos propres structures sanitaires. Certains le font pour la gloire, d’autres pour le pays, mais chaque homme a son prix. Le mien, c’est le bien être de mon pauvre mais cher Faso.

Sans rancune, mon frère et ami (sauf à propos du « soleil Zida » et de Senghor, nous menons le même combat).

Koudraogo Ouedraogo

Blog : http://burkinnafache2015.wordpress.com

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Références

 

« Le soleil Zida », ce nouvel astre de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE. 1/4

Je me coulais des vacances tranquilles à la campagne, consultant l’information sur mon téléphone mobile à chaque fois que je le pouvais, lorsque je suis tombé sur la « réponse » (7) de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE. C’est donc avec un peu de retard, que je m’essayerai de lui répondre. Comment en est-il arrivé là ? C’est ce que l’on s’efforcera de montrer dans cette première partie.

La révélation

C’est dans une de ses réflexions que C. DABIRE conclut en ces termes : « Pour dire et signifier, après que tout ou presque semble avoir été déjà connu et dit, toute la grandeur du soleil qui disparaît et s’éclipse pour faire place à la nuit qui tombe. Le soleil Zida (et non pas Zida soleil, pour ne pas donner dans la vénération, mais rester dans la comparaison et l’image) se couche et s’en va, pendant que l’obscurité de la nuit s’abat sur ses ennemis que déjà les harcèlements de la Justice plongent dans l’insomnie, et peut-être dans une juste nuit sans matin… » (1)

Une conclusion qui en troublât plus d’un. En effet, depuis que F. Nyamsi avait arrêté de nous narguer, nous avions rarement lu un article qui versait autant et manifestement dans la vénération – tout en s’en défendant du reste.

Plus surprenant encore, l’auteur n’était nul autre que le philosophe Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE, que nous avions « découvert », un peu auparavant, dans des postures complètement différentes.

En effet, c’était avant la révolution, et nous bataillions une horde de plumes achetées que le camp “pro-referendum” avait lancé comme une meute de chiens contre les anti-referendum. Si les arguments des Nyamsi et autres petits penseurs étaient faciles à démonter – et nous nous y mîmes tous -, les écrits de M. Dijbo par contre étaient plus difficiles, illisibles, ésotériques en un mot – pour moi en tout cas, car je ne suis pas philosophe -. Du reste, il n’y avait entre nous aucun philosophe à ma souvenance.

Hervé Touorizou SOME s’efforçait tout de même, et de belle façon, de rendre sa monnaie à M. Djibo. Mais à vrai dire, il n’y avait personne pour parler sa langue maternelle à M. Dijbo.  Personne, jusqu’à l’arrivée bien sûr de C. DABIRE sur la scène.

Au style impénétrable de M. Djibo, il opposa un autre style plus simple, plus claire et plus concis. Une réflexion propre à lui, qui ne s’embarrassait même pas de citer les pères de la philosophie pour se justifier.  Merveilleux ! Simplement merveilleux !

L’on comprendra donc mon trouble vis-à-vis de la réflexion mentionnée ci-haut : tout avait changé – à mon avis en tout cas -, jusque dans le style. Pourquoi ? Que s’était-il passé entre temps ? Comment le philosophe réfléchi qu’il se révéla être jusque-là pouvait-il se révéler de nouveau maintenant, comme un fervent zélote ? Peut-être avait-il jugé bon de faire dans l’excès pour faire passer un message spécifique ? Assurément cet article avait une fin autre que de vénérer Zida !

Peut-être qu’entre temps, pendant que nous étions retournés à nos moutons, nous avions manqué quelque chose de d’important, qui justifierait aisément la réflexion. (1)  Je décidai d’attendre pour voir la tournure que prendraient les autres réflexions.

La confirmation

C’est à la publication d’un autre de ses articles que nous nous rendîmes compte qu’il n’y avait pas eu d’erreur. Dans cet article, nous découvrîmes la « zidamania », la « zidafolie » et la « zidaphobie ».

L’auteur y dénonçait un « faux scandale Zida », partant des « révélations » qui «se multiplient, se publient et se succèdent ».(2) Toutes des vaines tentatives d’éclipser le « soleil Zida » (1), qui, nonobstant les accusations de mauvaise gouvernance, restait tout de même intègre, puisque « si l’on réfléchit donc un peu, on ne peut pas tomber dans la facilité qui réduit l’intégrité et le patriotisme à l’absence de corruption (sans que la corruption soit pour autant un critère d’intégrité, on soutient ici que le lien d’exclusion entre intégrité et corruption n’est pas absolu et automatique) » (2). Pour preuve, les cas de Zuma, Lula et Dilma tous impliqués dans des scandales financiers mais dont l’intégrité n’est plus à démonter.

Cependant, il concédait que « La seule chose que l’intégrité exclut catégoriquement, c’est de tuer (l’homme intègre ne s’attaque pas à l’intégrité de l’autre pour la nier, mais se dévoue pour le respect et la dignité de tout homme). C’est pourquoi aucun dictateur ni aucun assassin ne peut être dit intègre… » (2).

C’est alors que je me décidai de lui apporter la contradiction. D’entrée de jeu, je m’engouffrais dans les trous béants de son argumentation. Si donc, C. DABIRE voulait bien nous concéder – parce que, il faut le noter, il se complait à redéfinir les mots du dictionnaire sans pour autant être de l’académie française, et nous le montrerons dans un instant – que l’intégrité exclut de tuer, alors il devrait bien concéder que Zida n’était pas intègre parce que « En tant que numéro 2 du RSP, Zida a beaucoup de choses dont il doit répondre devant le peuple du Burkina ! Blaise Compaoré n’a pas pu être directement responsable des tactiques utilisées par le RSP pour tuer la révolution ! Si sur le terrain les officiers subalternes étaient directement responsables, au centre de commande, ce fut bien des officiers supérieurs qui décidèrent des tactiques de « guerre » ! Zida donc ne peut s’absoudre de l’ordre donné de tirer à balles réelles sur des manifestants non armés pour protéger la fuite des pontes du régime ! » (3).

Dans le reste de mon propos, je m’évertuai à démontrer le lien direct entre Zida et le système corrompu que la révolution avait rejeté. En particulier, à propos de la corruption, je m’exclamai en ces termes : « Nous avons tous été témoins de la déclaration des biens de Zida (3). Villa à Ouaga 2000 estimée à combien de centaines de millions ? 350 millions ! Un champ d’une valeur de 100 millions, une ferme de 100 millions, 2 villas, 110 millions, 30 millions d’économie en banque, etc… Combien de têtes de bovins ? Que l’on me dise, comment un officier de l’armée burkinabè, payé au salaire que nous pensons a pu accumuler une telle fortune ? Plus de 600 millions de CFA !

Que l’on nous montre les preuves du grossissement progressif ou non de cette fortune ! Que l’on nous montre les contributions fiscales qui justifient de cette fortune !» (3), car après tout, ne sommes-nous pas en droit de penser que « qui a bu boira » ?

C’est dans une diatribe (4) qui ne convainc pas sur la justice, que C. DABIRE fit sa critique de notre réflexion. Nous y retrouvâmes aussi, la même ligne de logique que, quelques mois au paravent, un de nos commentateur (*) avait tenue. C. DABIRE y soutenait, parlant des « intégristes » : « Leur vocabulaire seul les trahit qui en dit long en un seul mot : ceux qui, comme moi, essayent de défendre résolument le défendable dans l’indéfendable moral sont accusés par nos intégristes moraux de… »sanctifier » tel ou tel, c’est-à-dire celui ou ceux que leur vertu religieuse ou religion de la vertu ne tolérerait jamais dans leur propre…sanctuaire privé (que nul n’y pénètre s’il n’est saint) !». (4)

En rappel, j’avais conclu ma réflexion précédente en disant que, « A y voir clair, Zida ne peut être vu comme un saint, peu importe l’angle ! Il s’acoquine d’abord avec le régime Compaoré pour amasser une fortune immense. Il organise un putsch, le soir même où le peuple se libère du joug de la dictature et se bombarde président du Faso ! Lorsque sous la pression nationale et internationale il doit renoncer à ce poste, ce n’est que pour faire désigner son candidat au poste !» (3). Et C. DABIRE de poursuivre donc, « Comment un tel vocabulaire religieux pourrait passer anodin s’il n’appartenait à et ne provenait d’individus qui s’y connaissent en religion et en sainteté (celles de la déesse Vertu), suffisamment pour en écarter et exclure des humains ordinaires en faute ?!» (4)

Je conclus que l’auteur devrait avoir un certain talent à écrire des inepties. Toute cette argutie pour un choix de mot que je reconnaîtrais volontiers comme inapproprié, infortuné : « saint », comme dans « A y voir clair, Zida ne peut être vu comme un saint, peu importe l’angle ! ». D’en arriver à la conclusion que je serais un « intégriste moral » me paraissait un peu tiré par les cheveux, mais enfin, ce n’était point la première fois, puisque déjà dans (2), nous fumes tous témoins la tentative de redéfinir les mots du dictionnaire. Le mot « intègre », si l’argumentaire de l’autre nous avait fait douter un temps soit peu, se définie dans le dictionnaire que j’utilise, comme « d’une probité absolue » ! Voilà qui met une fin nette au débat stérile de « on peut être intègre et corrompu », en d’autre terme pour faire simple, « on peut être d’une honnêteté absolue et corrompu » ! Un non-sens n’est-ce pas ?

L’annulation du mandat d’arrêt contre G. Soro sera vécue comme une tentative de plus d’éclipser totalement le « soleil Zida » de notre vue. La « riposte » est presque épidermique « Cette affaire de mandat d’arrêt contre le PAN ivoirien suite au putsch de Diendéré n’est pas d’abord politique, diplomatique ni juridique avec un peu ou pas de judiciaire, elle est au contraire d’abord judiciaire. » (5) et l’auteur de nous citer le cas de Lockerbie.

Mais en fait, quelle est la relevance de Lockerbie dans le cas du Burkina-Faso ? Si l’auteur cherchait vraiment à nous montrer par l’exemple des cas similaires, il n’aurait pas pu manquer le cas des attentats du 11 Septembre à New-York. En effet, les enquêtes ont révélé très rapidement la piste des saoudiens. Pourtant, des membres de la famille Ben Laden ont été autorisés de quitter les USA, et ensuite, ce n’est pas en Arabie Saoudite que Bush est allé guerroyer, c’était plutôt en Irak et en Afghanistan !

Le cas des attentats du 11 Septembre nous paraît plus pertinent à cause de l’importance économique (pétrole) et géopolitique (Iran ) de l’Arabie Saoudite pour les USA, tandis que la Libye ne représentait rien de cela.

Pour l’auteur, rien ne pourrait justifier le retrait du mandat, pas même le fait que 4 millions de nos compatriotes y vivent : « Il n’y a donc aucun rapport entre le grand nombre de Burkinabè qui vivent en Côte d’Ivoire et une affaire judiciaire de mandat d’arrêt justifié ou non ».

Il se montre confient quant au sort qui pourrait être réservé à nos compatriotes si les choses prenaient une mauvaise tournure « Au contraire, évoquer inlassablement nos concitoyens et cette affaire liée au putsch de Diendéré, revient à insinuer que les Ivoiriens (autorités et simples citoyens) pourraient user de représailles contre d’innocents Burkinabè qui n’ont absolument rien à voir avec un mandat lancé par une Transition avec laquelle ils n’étaient peut-être même pas d’accord. Comme si le traumatisme de la crise ivoirienne de l’ivoirité, dans laquelle beaucoup de Burkinabè sont morts d’être seulement burkinabè et pas agresseurs ni combattants, obsédait encore nos autorités du Burkina. Mais dans ce cas c’est la confiance en l’ami et frère Ivoirien qui en prend sacrément un coup !». (5)

Pour lui apporter la contradiction, je développai une argumentation entièrement basée sur l’intérêt économique (6). Je commençai par émettre des doutes sur la possibilité de poursuivre une personne pour avoir discuté de stratégie : « Nous entendons deux interlocuteurs qui discutent stratégie ».

J’énumérai ensuite ce que la Cote d’Ivoire représentait économiquement – les anglophones parlent ici de « national interest », qui se traduit littéralement par « l’intérêt national », c’est à dire la raison d’Etat – pour notre pays : « Plus de 20% de nos importations », « Plus de 4 millions de nos compatriotes y vivent », « plus de 50% des ménages ayant des transferts de fonds bénéficie d’un transfert provenant de la Côte-d’Ivoire », une « monnaie commune ». En somme, « Nos intérêts passent par ceux de la Côte-d’Ivoire !»

Autant d’argument pour recommander une certaine prudence. Je ne manquai point de dénoncer le comportement peu recommandable de celui qui se devait en premier lieu de défendre les intérêts du Burkina dans cette affaire, Zida !

Conclusion

Ainsi cerné de tous les côtés par une argumentation solides et méthodiques, et dans laquelle il a du mal à trouver une faille, quel autre argument C. DABIRE allait-il nous sortir pour continuer de vénérer son « soleil Zida » ? Allait-il simplement faire son « mea culpa » et retrouver enfin la sérénité, plutôt que de passer le temps à s’offusquer que des citoyens et les syndicats demandent qu’un audit soit fait de la transition ?

C’est dans sa « réponse » (7) que nous découvrîmes ces nouveaux arguments sur lesquels nous reviendrons dans les deuxièmes, troisième et quatrième partie de notre réponse.

Koudraogo Ouedraogo

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(*) le pseudonyme ‘SOME’ commentait :

« .. Personne n’a posé zida comme un saint (si ca existe) ; personne n’a dit que zida n’a pas détourné, etc. Nous fustigeons cette ingratitude sélective qui nous fait fermer les yeux sur certains pour les ouvrir très grands avec d’autres pour des faits certes délictueux, mais véniels.

.. Tu veux te poser en donneur de leçons, en sage, en connaisseur de la chose patriotique, etc. mais tu te révèles un piètre, un pauvre qui prétend penser et veut péter plus haut que son derrière. Ton écrit et ta démarche sans queue ni tête sont tellement biaisés que tu n’atteins même pas la cheville de l’écrit de Christophe dabire que tu tentes d’émuler et qui t’as tant énervé pour te décider à écrire. Je n’entre même pas dans les idées que tu tentes vainement d’avancer. ».

Références

 

Mandat d’arrêt contre G. Soro : Et si la raison l’emportait sur la passion ?

La fin de la transition a été surtout marqué par la détérioration des relations entre le Burkina-Faso et la Côte-d’Ivoire. Pour cause, le lancement d’un mandat d’arrêt contre le dauphin constitutionnel d’un pays frère et ami.

Passion ou raison ?

Nous avons tous en mémoire le coup d’Etat du RSP. La résistance du peuple du Burkina ayant eu raison du coup, Zida est libéré, reprend fonction et nous assistons alors à une répression des plus aveugles : Il fallait tirer profit au plus vite du capital de sympathie du peuple.

Zida est d’abord présenté comme le sauveur de la révolution et le tombeur du RSP, lui qui pourtant, comme un poulet avait été pris et fait prisonnier.

Des gens sont ensuite arrêtés et emprisonnés pour avoir simplement refuser de condamner le coup d’Etat ! Liberté d’expression et de pensé dirais-je.

On assiste pour finir à l’apparition comme par magie d’enregistrements dits « compromettants ». La bande sonore, proviendrait d’une table d’écoute acquise sous l’initiative du PM d’alors. Curieusement, la table d’écoute qui n’avait pas permis de prévenir le coup d’état, allait se montrer utile à démasquer les comploteurs après coup ! Pour ceux qui ont écouté les fameux enregistrements, il n’y a pas vraiment grand-chose – c’est mon humble avis – ! Nous entendons deux interlocuteurs qui discutent stratégie ; peut-être de guerre, mais il s’agit là d’une grosse supposition, parce que l’enregistrement ne situe pas vraiment le contexte ! Personnellement, je ne connais pas les voix, alors je ne peux les authentifier. Mais même en supposant qu’il s’agit bien de Soro et Bassolé, en supposant aussi qu’ils discutent du coup d’Etat, qui a déjà eu lieu, on pourrait conclure qu’il discute de tactiques ou pour venir à bout de la résistance, ou pour faire de la résistance. Ceux qui comme moi ont activement appelé à la résistance reconnaitrons aussi la tactique : disperser l’adversaire pour l’affaiblir – « on allume là, on va allumer la bas », etc .. -! Ce n’est donc pas une tactique que le RSP aurait souhaité appliquer, parce qu’alors cela les rendait plus vulnérables. On n’a pas besoin d’être sorti d’une école de guerre pour comprendre cela.

Il s’avère donc :

D’une part, pour emprunter l’expression à un ami, il n’y a pas de quoi fouetter un chat à partir de ces enregistrements ! En fait, si mes propres communications avaient été interceptées, elles donneraient une impression similaire.

Notons au passage, la vitesse fulgurante avec laquelle des « progrès » et des arrestations ont été effectués dans ce dossier du putsch, pendant que celui de la révolution des 30 et 31 Octobre piétinait encore. On comprend mieux, à la lueur des fuites que certains media ont déjà publié !

D’autre part, même en supposant le pire, il reste tout de même le fait que l’un des interlocuteurs n’est pas n’importe qui ! Il s’agit d’un parlementaire qui jouit d’une certaine immunité parlementaire chez lui. Il s’agit de la deuxième personnalité d’un état voisin !

La prudence se veut de rigueur en pareille cas, et les intérêts supérieurs de notre nation sont ceux qui prévalent avant tout autres. Quels sont donc ces intérêts ?

Des intérêts du Burkina

Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, nous dit C. de Gaulle. Où se trouve l’intérêt du Burkina-Faso dans cette affaire des enregistrements dont ni la légalité ni l’authenticité, ni même la provenance n’ont encore été démontré ?

La Côte-d’Ivoire est le premier partenaire économique du Burkina-Faso. Plus de 20% de nos importations viennent de Côte-d’Ivoire. Certains économistes estiment que plus de 50% des ménages ayant des transferts de fonds bénéficie d’un transfert provenant de la Côte-d’Ivoire. Presque un tiers (1/3) des ménages du Burkina qui bénéficie de transferts.

La Côte-d’Ivoire représente aussi le pays d’immigration par excellence des Burkinabè. Plus de 4 millions de nos compatriotes y vivent. Dans certaines régions du Burkina, aller travailler en Côte d’Ivoire est une partie intégrale du rite de passage à l’âge adulte !

Des études ont été faites sur la récente crise ivoirienne et ses effets économiques sur le Burkina-Faso. Elles sont toutes d’avis que la crise ivoirienne a eu un impact très négatif sur le Burkina-Faso.

La Côte-d’Ivoire est l’économie qui contribue le plus à notre monnaie commune, le CFA. Ce n’est pas pour rien que le gouverneur de la banque centrale doit être ivoirien selon les textes.

Il faut se rappeler avec humilité que le colon dont l’objectif principale était l’exploitation de nos ressources, avait trouvé la colonie de Haute Volta, pas économiquement viable et l’avait donc divisé entre la Côte-d’Ivoire, Le Soudan et le Niger ! Le Burkina n’est pas un pays nanti ! Nos intérêts passent par ceux de la Côte-d’Ivoire !

« FRAGILE », l’étiquette à mettre sur tout ce qui touche à la Côte-d’Ivoire, au Burkina-Faso.

Il ne serait pas exagéré de parler d’une relation symbiotique.

Ainsi donc, que les Mossis et les Dagara viennent du Ghana, on s’en fou ! Que les bonzes du FPI se soient refugiés au Ghana, ce n’est pas notre affaire !

Que la symbiose avec la Côte-d’Ivoire soit menacée, nous nous devons d’y prêter attention sinon…

Zida était donc-t-il dans son rôle de premier ministre lorsqu’il lançait un mandat d’arrêt contre le dauphin constitutionnel de la Côte-d’Ivoire ? Les intérêts du Burkina, qui du reste avait déjà eu raison du coup d’Etat sont-ils servis par ce mandat ?

Le pire pourrait-il advenir de cet acte ? Franchement, je ne sais pas. Mieux encore, je n’ai pas envie de risquer de savoir ! Ce que je sais, c’est que la dernière fois que cela est arrivé, ce n’était pas beau à voir : abus en tous genres, expulsions, spoliations, expropriations, etc.

Zida était-il au courant de ce scenario du pire ? Pourquoi était-il prêt à le risquer, au moment même ou il se nommait ambassadeur aux USA ?

Conclusion

Dans cette affaire, il nous faut savoir résister à l’intégrisme – pour emprunter le terme a C. Dabiré – qui voudrait que nous poursuivions, peu importe le prix. Il nous faut éviter de donner raison à Senghor qui pensait que « L’émotion est nègre, comme la raison est hellène » : Il y a 4 millions de Burkinabè en Côte d’Ivoire, et alors, c’est 4 millions de raisons de « ménager » la Côte-d’Ivoire !

Koudraogo Ouedraogo

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Loi de Finance Rectificative No 2 : Le délabrement de l’économie est réel, pas idéologiques !

Le DG de la DGI a apporté quelques éclaircissements à propos de la Loi de Finance Rectificative No 2(LFR2). Selon lui, la LFR2, vise à faire contribuer d’avantage les riches. Cela serait bien une première dans le monde :

Les riches ne payeront rien !

Oui, c’est vrai. Il ne s’agit même pas d’un problème propre au Burkina ! Dans les pays même développés, les riches sont ceux qui ont suffisamment d’argent pour se payer les génies de la fiscalité pour leur trouver les lacunes de la loi fiscale afin d’éviter de payer leur taxes et impôts. Les riches sont ceux qui ont les moyens d’engager à leur profit, les services de multinationales pour canaliser leurs revenus vers les paradis fiscaux ! Ils sont ceux qui ont les moyens d’engager des experts comptables pour démontrer qu’après les frais de recherches, d’innovations, de formation, etc., le fisc lui-même leur doit de l’argent ! Qu’on arrête donc de nous prendre pour des cons !

Que ferais-je, vu la LFR2 si j’étais riche ?

  • Je vendrais mes immeubles et terrains au Burkina. Cela sera bien possible car il y aura toujours quelqu’un comme le DGI pour penser que 10 000 F CFA ne représente rien, tandis que pour moi chaque franc compte ! En 2015, le seuil de pauvreté était de 2 USD/jour, soit 60 USD/mois – 35 000 CFA aujourd’hui – et plus de 50% des burkinabè vivaient en dessous de ce seuil de pauvreté !
  • Je ferais rentrer ma V8 au Burkina plus tôt que prévu. C’est une course contre la montre ! On vient d’annoncer une nouvelle taxe par mauvaise foi. Je dis bien mauvaise foi, parce que qu’elle autres alternatives existent-ils à la V8 importées ? J’achèterais bien par patriotisme une V8 made in Burkina ! Mes activités sont telles que j’ai besoin de ma V8 pour sillonner notre cher pays et créer ces petites valeurs ajoutées de 10 000F qui ne sont rien pour le DGI et qui pourtant ne veut pas me les laisser à mon qui m’échine pour les produire ! Si je ne peux pas faire rentrer ma V8 avant l’entrée en vigueur de la LFR2, je laisse tomber ! On va continuer de réparer la vieille voiture en attendant. L’année prochaine ils vont certainement supprimer la taxe s’ils se rendent compte qu’ils n’ont rien engrangé ! Qui est fou ?
  • Et puis même, c’est mieux d’aller acheter ou construire mes immeubles à Abidjan ou même en France ! Roch lui-même a une maison en France ! Il va payer combien ? Rien !

« Sont imposables à la taxe foncière sur les propriétés bâties, les immeubles et terrains situés dans une zone urbaine aménagée du Burkina Faso telle que prévue à l’article 8 de la loi n°034-2012/AN du 02 juillet portant réorganisation agraire et foncière au Burkina ».

C’est clair comme l’eau de roche ! Il n’y a pas de Cote d’Ivoire dedans, et n’y a pas France dedans. Les perdants sont nous autres les patriotes qui voulons garder l’argent dans notre chère patrie ! Dans ce cas, nous allons partir aussi. Nous irons investir nos maigres CFA en France pour aider Hollande ! Non, mais attends, luis aussi il parle beaucoup de taxe pendant que le pays est dans la poisse. Bon, peut-être la Cote d’Ivoire est mieux, ou bien l’Allemagne ou la Suisse ? On dit qu’il y a même un président Africain qui y réside en permanence ! Sacrés politiciens africains ! Lui il construit le pays, c’est bon, mais il est en Suisse ? Mais est-ce qu’il y a une grande différence d’avec le fait de nous taxer parce que nous avons de la propriété au Burkina Faso, pendant les politiciens qui ont des propriétés à l’étranger ne paieront rien ?

Navigation à vue ou manque de vision ?

On se rappelle encore l’annonce surprise –en tout cas moi je l’ai été – du ministre des transports sur la modernisation des permis de conduire et des cartes grises ! Un accord signé avec une société étrangère pour la bagatelle de 15 milliards. Je ne suis pas un fan du PNDES, et donc j’ai pu rater cette mention dans le PNDES ! C’était prévu dans le PNDES ça ? Ou a-t-on décidé sur un coup de tête de dépenser 15 milliards juste comme ça ?

De toute façon, à mon humble avis, beaucoup de mesures du le PNDES sont du même acabit ! Ou se trouve l’opportunité, l’urgence d’une modernisation des cartes grises et des permis de conduire ? Combien de burkinabè ont un permis de conduire ? Qui n’a pas plastifié son permis de conduire ? Pourquoi une durée de vie de 10 ans quand un fichier informatique a une durée de vie illimitée ? Pourquoi le choix d’une société étrangère lorsqu’une société burkinabè aurait pu faire le travail avec à la clef d’innombrables emplois générés ! Même si l’Etat lui-même pour ces 15 milliards recrutait sur contrat à durée déterminée des burkinabés pour faire le travail, ce serait 15 milliards injectes directement dans l’économie du Faso ! Ce serait aussi une recherche et une technologie partiellement (ou entièrement, on ne sait jamais) made in Burkina-Faso, que nous pourrions vendre à nos voisins, puisque nous-nous copions tous ! Mais non, nos 15 milliards s’envolent vers des horizons que nous n’imaginons qu’en rêve ! En lieu et place, on nous rackette pour 8 milliards de taxes supplémentaires pour équilibrer un budget !

C’est simple, annulez cette modernisation que personne ne désire – en tout cas pas moi, je n’ai même pas de permis de conduire burkinabè -, ni ne demande, empochez 8 milliard sur les 15 pour couvrir votre déficit, et baissez nos impôts et taxes du restant des 7 milliards pour booster la consommation !

Il faut comprendre que chaque décision prise entraine des réactions. Quand il y a des bombardements en Irak, le prix du baril monte ! Quand les saoudiens commencent à pomper plus que d’ordinaire, le prix baisse. Dans les salles de bourse ou des milliards s’échangent à la seconde, ce sont des écrans de télé qui diffusent l’information en continue ! Si Obama sort annoncer des nouvelles taxes, le dollar battra de l’aile !

Arrêtons de nous gourer : Il n’y a pas d’exception africaine ! En rien, pas même en la bêtise de nos dirigeants ! L’économie au Faso, quoique n’étant qu’embryonnaire suit les mêmes principes que toutes les autres économies parce que ce sont des femmes et des hommes comme vous et moi qui sont dernière ses chiffres ! Comme partout, trop de taxe et « l’évasion fiscale » se vulgarisera, des taxes injustes et c’est la révolte !

Conclusion :

A s’enfermer dans une vision idéologique étroite, on passe vraiment à côté de l’essentiel ! Dire que 7 mois ne suffisent pas à résoudre les problèmes, n’est qu’une excuse ! Les problèmes étaient là quand vous faisiez campagne pour la présidentielle et les législatives. L’urgence de la situation du pays n’était un secret pour personne ! Personne n’a forcé personne à être candidats ! En fait, des citoyens comme moi et bien d’autres ne demandent même que les problèmes soient résolus mais simplement qu’il ait une esquisse d’une solution aux problèmes !  Hélas ! Nous assistons à de simple fuite en avant, avec des théories idéologiques mal comprises et qui n’ont rien à voir avec notre quotidien !

Koudraogo Ouedraogo

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Loi de finance rectificative No 2:  Un manque cruel d’imagination !

La deuxième loi de finances rectificative pour l’exécution du budget de l’Etat, gestion 2016 a été adoptée le 25 juillet dernier. Pendant que le gouvernement se vante d’avoir présenté pour la première de notre histoire un budget équilibré, les détails sur cette loi de finance commence à faire jour, et cela n’est pas beau à lire !

Des mauvaises nouvelles pour la consommation

Pendant que tout le monde se plaint de la morosité du climat économique, le gouvernement Thiéba ne trouve pas mieux à faire que d’enfoncer le clou dans le cercueil de notre économie déjà moribonde. En effet au lieu de nous proposer des réductions de taxes pour relancer la consommation et ainsi soutenir l’économie, c’est plutôt à des augmentations tout azimut que nous assistons, depuis la petite bière rafraichissante jusque dans les jeux du hasard ! C’est une attaque sans précédent sur le consommateur burkinabè.

D’une part, la taxe sur les propriétés sera passée directement aux locataires par les propriétaires, pour ce qui est des propriétés mises en location. Quant aux terrains nus, ils risquent bien de rester encore très longtemps sans être mis en valeur, histoire de reporter à plus tard la facture en matière de taxes. Il ne faut pas être devin pour entrevoir les répercussions sur les ventes des matériaux de construction, les salaires et les emplois dans le secteur de la construction. Nul besoin de signaler les baisses que cela entraine au niveau de la collecte des fonds : TVA, IUTS, etc.

D’autre part, on peut bien se demander si la taxe sur les véhicules de tourisme aura un impact quelconque. En effet, les plus grands acheteurs sont exempts de la taxe ! Pour le reste, il s’agit encore plus de sociétés privées que de particuliers. Ici encore, c’est le consommateur burkinabè qui paiera au bout du compte, puisque les frais de production des biens ou des services qu’il consomme augmente.

La taxe sur la bière, elle n’affectera qu’une partie de la population, mais là encore, le consommateur aura le choix de réduire sa consommation. C’est bien ce que nous faisons tous pour joindre un mois à l’autre ! De plus lorsque l’on sait les marges réduites avec lesquelles les vendeurs de boissons doivent faire, on peut s’attendre à ce qu’un bon nombre mette la clef sous le paillasson, les travailleurs allant grossir le lot combien déjà grand des sans-emplois. Chose qui, elle aussi réduira de fait l’assiette fiscale ! A moins que beaucoup passe à la sucrerie, chose qui n’est pas sans implications propres que nous verrons plus tard.

En somme, les mesures prises par le gouvernement auront toutes, une tendance à faire baisser la consommation, donc à ralentir l’économie. Nous ne serons point surpris, si effectivement dans 6 mois les recettes se montrent bien en dessous des expectations et qu’il faille faire passer une autre rectification du budget !

Plusieurs autres choix étaient possibles

Et pourtant, on aurait pu faire autrement.  Il n’y a pas de doute qu’il faut élargir l’assiette des collectes au profit du contribuable. Cependant, le gouvernement disposait de plusieurs options. Il aurait pu faire des choix qui auraient relancé la consommation tout en collectant les fonds nécessaires. Quelques exemples :

On peut élargie l’assiette des recettes en augmentant le nombre des contribuables. Cela veut dire une politique qui permet de mettre beaucoup plus de gens au travail. On pourrait par exemple réduire les charges sur les employeurs afin de les inciter à créer plus d’emplois. On pourrait relaxer les règles quant aux licenciements et aux emplois temporaires. Ce sont autant de mesures qui ont prouvé leur capacité a créer des emplois dans plusieurs autres pays.

On peut aussi élargir l’assiette fiscale en encourageant la consommation. Par exemple, la réduction du prix du ciment pourrait déclencher un boom dans la construction. Le contribuable profite des reversements en TVA, de l’IUTS sur les salaires à cause des emplois supplémentaires crées, etc.

Toujours dans la relance de la consommation, une baisse des taxes aéroportuaires, des prélèvements sur les hôtels, auberges etc. pourraient contribuer à faire du Burkina une destination de choix par la baisse des prix des billets, des couts des hôtels, etc. Et le touriste ou l’expatrié burkinabè qui rentrerait au BF, y dépenserait son argent, toute chose qui ne peut que profiter à l’économie. On n’accroit pas le nombre de passagers aérien du Faso (comme annoncé dans le discours sur l’état de nation) avec des discours ; Il faut des mesures concrètes.

Au lieu de taxer les véhicules de tourisme, on aurait pu réduire les taxes et ainsi impulser un renouvellement du parc automobile nationale, toute chose qui ne peut que bénéficier à la sécurité routière, à l’environnent et au cadre de vie, et une fois encore au fisc du fait du nombre accru des transactions.

Pendant que le monde entier est en train de réfléchir sur une taxe sur le sucre du fait que le diabète est devenu un sérieux problème de santé publique, pendant que le principe est déjà acquis dans certains pays, le Faso passe à côté de la plaque. Pourquoi ne pas taxer les boissons sucrées et ainsi protéger nos enfants contre les carries et l’obésité ? Que dire des cigarettes, cigares et autres tabac ? Quelle sera leur incidence sur le cout de l’assurance maladie que le gouvernement veut établir ? Plusieurs options étaient possible pour répartir les 30% de façon plus équitable !

Equilibrer un budget ne peut pas juste se résumer à des mesures fiscales ! Il faut l’accompagner de mesures d’économie. Nul ne peut vivre au déçu de ses moyens. Si l’argent n’y est pas, il faut bien faire des coupes pour équilibrer les comptes plutôt que de chercher à réunir l’argent, peu importe la façon ! Quand on demande des sacrifices aux contribuables, il faut soi-même faire des sacrifices. La réduction du train de vie de l’Etat doit être une priorité ! Quand comme en 2015 presque 70% des recettes passe dans les salaires, la dette et le fonctionnement, il convient de réagir promptement ! Quelles économies peut-on réaliser par exemple en supprimant les véhicules de l’état ? En réduisant le nombre de séminaires, de missions à l’étranger aussi bien du gouvernement, du parlement que de la fonction publique ? En fusionnant les forces de police ? Cherchez les gaspillages et vous trouverez les économies !

Conclusion

Le budget que l’on vient de nous servir est un budget sans imagination. Il y a un déficit, alors on trouve des nouvelles taxes pour le combler ! Il n’y a aucun mérite à cela, vraiment aucun ! Le Dr. A. Ouedraogo parle à raison de « faire en moins bien, du Blaise Compaoré sans Blaise Compaoré » !

L’opposition a bien critiqué, et s’est abstenu do vote. Nous attendons de voir leurs propositions de budget. C’est seulement ainsi qu’ils nous convaincront qu’ils peuvent offrir une alternative.

Koudraogo Ouedraogo

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“Oser inventer un Burkina nouveau”