Dans cette livraison, je vous propose le câble suivant de wikileaks, qui donne une vue des relations Burkina -Faso / Libye, que vous et moi, commun des mortels n’aurait pas vu vernir. En effet, contrairement aux apparences, les relations entre Blaise Compaoré et le roi des rois d’Afrique était devenues houleuse ces derniers temps.
Le câble date du 23/06/2008
Résume du câble (traduction par votre humble serviteur):
Les relations jadis très forte entre le président Blaise Compaoré et Muammar Quaddafi se sont détérioré récemment. Le voyage du président Compaoré en Israël, son manque de soutient à la vision de Quaddafi concernant les ‘Etats Unis d’Afrique’ et la Communauté des états Sahelo-Sahariens et son commentaire en critique de Quaddafi sur son manque de respect envers ses pairs, démontrent le désir (de Blaise Compaoré) de se distancer de Quaddafi. Compaoré est enhardi par la reconnaissance internationale du rôle de leadership du Burkina Faso.
Détails intéressant du câble.
- Blaise Compaoré questionné sur la Cen-Sad repond qu’il n’y croit pas, mais se rendra au sommet a Cotonou, juste pour soutenir le président Yayi Boni.
- Compaoré a conseillé à Faure Gnassingbe de s’abstenir des célébrations israéliennes, face aux menaces de Quaddafi, en ces termes : « Tu es un jeune gars, n’y va pas, je vais y aller en tant que leader le plus établi de la région ». Faure n’est pas allé aux célébrations du soixantetieme anniversaire d’Israël !
- Compaoré voit venir des problèmes de succession à la mort de Quaddafi. Avec deux femmes et huit enfants, ce sera rude pense-t-il. Saif, le fils que Blaise Compaoré trouve plus réfléchi que son père, est très loin derrière dans la lignée de succession.
- Le limogeage de Salif Diallo, interlocuteur entre Blaise et Quaddafi pourrait avoir joué un rôle dans cette mésentente.
Analyse
Passions , géopolitique ou ambition personnelle ?
Le rapprochement de Blaise Compaoré avec Israël était sensé lui ouvrir les portes de la maison Blanche. Pour Quaddafi par contre , il n’est pas question de marchander la question de la Palestine. Quoique une noble cause, Quaddafi semble ignorer que le Faso n’est pas de la ligue arabe ! Alors , bon point pour Compaoré sur le sujet !
Gaspillage inopportun !
Compaoré était convaincu que la Cen-Sad accoucherait d’une souris ! Cela ne l’a pas empêché de se déplacer à Cotonou aux frais du contribuable burkinabé pour comme il le dit lui même « soutenir » Yayi Boni ! Ahurissant ! Déplacer l’avion présidentiel, aux frais que cela coûte, juste pour cela, pour un pays comme le Faso , c’est non seulement ostentatoire, mais aussi un manque profond de respect pour nos misérables payeurs de taxes !
Conclusion
A moins que la médiation de Bassolé ait porte des fruits, le torchon continuait de brûler entre Compaoré et le guide lorsque le printemps libyen éclata. On comprend donc l’empressement du Faso à reconnaître le CNT quand même l’UA hésitait encore. Si la position de Compaoré dans cette affaire est guidé par son désir de plaire à Washington (et surtout recevoir une invitation pour la Maison Blanche – voire les autres câbles sur le sujet -, force est de reconnaître son courage a s’opposer a Quaddafi qui a mis les bâtons dans les roues de plus d’un régime en Afrique. Les mutineries récentes au Faso ont elles un lien avec cette affaire ?
L’autre aspect choquant c’est l’aperçu qui est donné sur comment les biens et les fonds publics sont gérés dans notre pays. Déplacer l’avion présidentiel du Faso, avec une délégation à l’appui pour aller à un sommet que l’on sait vouer à l’échec, relève d’un gaspillage incroyable de nos maigres ressources ! Naturellement, après, il est difficile de mettre le holà a tous ses séminaires de l’administration publique !