Le secteur public burkinabè a mal ! Une lapalissade comme dirait certains . J’ai déjà évoqué brièvement le sujet dans un de mes précédents articles.
« Nous faisons semblant de travailler et ils font semblant de payer ! » Cette phrase est communément utilisée pour décrire l’état de l’administration publique dans les pays de l’Union soviétique de l’époque. ‘Nous’ c’est à dire les ‘travailleurs’ , et ‘ils’ c’est bien l’ état.
Notons bien la différence ou du moins la nuance entre ‘travailleur’ et ’employé’.
Le terme ‘travailleur’ nous vient du communisme, ou chaque personne a droit à un travail. La notion de productivité étant relégué au second plan. Le plus important c’est que tout le monde ait un travail ! Alors, il n’était pas rare de renoncer a certains moyens de production modernes qui faisaient perdre des travailleurs. Beaucoup de choses se faisait manuellement afin de faire travailler le plus grand nombre. En conséquence, la paye était insignifiante !
Le terme ’employé’ lui nous vient du système capitaliste. l’employé est une ressource qui doit exceller dans son travail. La productivité est clef , et les moyens les plus modernes sont utilisés pour accroître cette productivité. Ici, on limite le nombre des employés (pourquoi employer deux personnes lorsque une peut faire le travail ?). La paye se négocie, parce que pour que l’employé produise, il ne doit être motivé (financièrement).
Il me semble bien que cette caricature du système soviétique reflète bien l’état de l’administration au Burkina – Faso ! Chaque année, des milliers de jeunes gens sont recruté à travers les différents concours de l’administration publique. Et chaque année, un nombre équivalent finissent leur formation et commence une carrière dans la fonction publique. Et pourtant, la triste réalité est que cela peut prendre jusqu’à trois (3) semaines – pour les plus chanceux – pour obtenir une simple CNIB ! Dans les hôpitaux, on peut attendre jusqu’à des années pour certaines opérations et beaucoup de lycées dans les zones rurales passent l’année entière sans professeurs dans certains domaines ! Alors à quoi nous servent tous ces recrutements ?
A l’heure ou partout dans le monde entier, a la faveur de la crise économique, beaucoup de pays sont obligé d’adopter des mesures d’austérité, je pense humblement qu’il est grand temps pour des reformes profondes de l’administration publique:
- Une réduction drastique des effectifs : A défaut de licencier, les recrutements devrait être purement et simplement suspendu pour une très longue période en tout cas (10 ans au moins).
- Une augmentation drastique des salaires : Il faut l’admettre, les salaires burkinabè sont des per-diem comme l’a si bien dit O. Bongo a l’ époque. Ce n’est pas étonnant que l’affairisme ait pris le dessus. Les députés l’ont si bien compris que leurs émoluments n’ont aucune comparaison avec le salaire moyen du burkinabè ! A quoi sert un député qui ne rencontre pas les mêmes difficultés que son électorat ? Il ne comprendra jamais les problèmes véritables de son électorat !
- Une modernisation totale des moyens de production. Cela permettra de réduire certains coûts . Par exemple, une conférence d’une heure entre Ouaga et Bobo , au téléphone en utilisant la VOIP coûtera moins de 500 F CFA. Si par contre, 3 fonctionnaires, et leur chauffeur devraient se rendre sur les lieux, cela coûterait au moins 100 000 F CFA, entre le carburant et les per-diem ! Il est impératif d’utiliser les technologies modernes pour réduire les coûts de fonctionnements.
- Une réduction drastique du train de vie de l’Etat: il faut supprimer ‘les missions’ (il y a en qui ne vivent que de cela !), les véhicules de services (combien de fonctionnaires consomment 3, 4 fois leur salaire chaque mois en carburant ?), les séminaires , etc …
Le Burkina Faso a connu ces récentes années un taux de croissance respectable. Pourtant, les ménages burkinabè sont de plus en plus pauvres. La croissance de l’économie ne semble profiter à personne. Cela peut se justifie en parti par la croissance massive de la part de l’état et de l’administration sur le budget national. Après avoir payé les ministres, députés, fonctionnaires, véhicules et carburant, il ne reste pas beaucoup pour investir dans les mesures sociales. La plupart de nos voisins sont entrain d’investir massivement dans le social : gratuité de l’école, assurance maladie, meilleurs salaires et j’en passe. Le Burkina connaîtra une hémorragie sérieuse de ces intellectuels vers ces pays si il n’y prend garde. Déjà un des pays les plus sous-developpe de la région, la fuite des cerveaux ne pourra que lui porter un coup fatal !