Maintenant que les contours de la transition se dessinent plus clairement, je pense à mon humble avis qu’il n’y a plus aucun doute : la transition est vraiment celle des larbins ! Avec un président que nous et la communauté internationale pensons aux ordres de son premier ministre, une premier ministre lui-même aux ordres du RSP, et bientôt une assemblée ou les uns et les autres pensent qu’ils ont été appelés à une soupe collective, nous voici parti pour douze long mois, ou le seul programme politique est celui de la refonte des institutions et de la réconciliation nationale. Il n’y a pas de programme économique, ni sociale. Le pouvoir est exercé et pourtant le peuple n’a conféré aucun mandat ! Sous d’autres cieux, cela s’appelle un putsch !
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La consécration du coup d’Etat
En résume, le candidat de l’armée l’a emporté à l’élection du Président de la transition. C’est encore le candidat de l’Armée qui est Chef du gouvernement. Au vu de ce qui se passe au niveau des partis politiques et des OSC pour la désignation des membres du CNT, nul ne serait étonné si le candidat de l’armée venait à être désigné comme président du CNT !
Appelez-moi de tous les noms que vous voudrez ! Les faits sont là ! Pour parvenir à un consensus sur la personne du président de la transition, il a fallu tordre le coup à la charte de la transition par deux fois moins ! Si cela souffrait d’un doute qu’un diplomate ayant passé l’essentiel de sa carrière à l’extérieure n’est pas de notoriété nationale, je pense que le micro-tendu réalisé par les media burkinabè dans plusieurs localité du pays vous situe très vite dessus : « Mr. Kafando, je ne le connais pas.. »
Si, il est difficile de soutenir qu’en tant qu’ambassadeur représentant le BF, Mr. Kafando n’a pas pu défendre des causes autres que celles du gouvernement, dont la modification de l’article qui du reste ne date pas de cette année, il est aussi difficile de démontrer une implication personnelle de notre président dans cette affaire. Admettons donc le doute. Le moins que l’on puisse donc reprocher à notre ambassadeur, c’est de ne pas être impartial ou intègre ! Que pensez de quelqu’un qui d’une façon ou d’une autre a collaboré au plus haut niveau avec le pouvoir de Blaise Compaoré ? Salif Diallo, depuis son ambassade de Vienne avait au moins produit son papier sur la patrimoinisation du pouvoir ! Qu’a fait ou dit notre président de la transition ? Le péché n’est pas seulement commis en action, il l’est aussi par omission, et pour reprendre cette phrase de D. Tutu que j’aime tant : « Si en situation d’injustice vous rester neutre, c’est que vous avez choisi le camp de l’oppresseur ! » De quel camp donc fut notre cher président, lorsque nous vivions sous l’oppression du CDP et de Blaise ?
Après avoir lu le CV de notre nouveau président, une expression du temps de la révolution m’est venue en tête : « cube maggi » ! Oui, ce fameux bouillon suisse dont nous raffolons au Faso – en Allemagne aussi dois-je reconnaitre -, et qui se met dans presque toute les sauces ! Je ne suis pas certain du sens exact de l’expression. Peut-être qu’un certain Blaise Compaoré pourrait nous éclairer. Le sens que je donne à l’expression – sous réserve d’être corrigé – est « personne sans conviction propre, qui s’accommode de toute situation ». Son CV est bien étoffé, il n’y a pas de doute ! La Sallien, il n’y a pas de doute qu’il a de la matière grise à revendre. Moi-même, FECiste, reconnait aisément la qualité de la formation que l’on y reçoit. Si pourtant, l’excellence académique était un gage de succès politique, Laurent Gbagbo ne serait pas à La Haye ! Ce qui manque plutôt, à la lecture de son CV, ce sont les couilles ! Oui excuser le terme, mais il faut manquer de couille pour taire ses propres convictions et s’accommoder de tout le monde ! En fait, n’importe qui d’autre aurait vu que la nomination d’un militaire à la tête du gouvernement n’aurait fait que renforcer le climat de suspicion qui règne entre le peuple, la communauté internationale d’une part, et l’armée burkinabè d’autre part ! Quelques heures après sa nomination au premier ministère, un diplomate bien averti disait qu’il n’y avait aucun doute que c’était lui – Zida – qui détenait le vrai pouvoir ! Pourquoi donc, le chef de l’Etat a-t-il trouvé nécessaire et opportun de se mettre dans une situation aussi embarrassante ? Pourquoi donc le chef de l’Etat a-t-il trouvé nécessaire de risquer des sanctions sur notre pays déjà à mal ? Il est diplomate lui aussi ! Nul doute qu’il serait parvenu à la même conclusion que tous les autres diplomates !
S’agissait-il tout simplement de remercier l’armée pour avoir soutenu sa candidature ? Si oui, ou se trouve donc cette intégrité, cette impartialité que nous recherchons tous pour une réussite de la transition ?
S’agit-il plutôt de respecter des engagements pris avant sa nomination comme chef de l’Etat ? Comment donc pourra-t-il léguer a son successeur une administration débarrassée de l’affairisme que nous décrions tous ?
Que retenir de cette réponse très diplomatique de l’homme de la transition lorsqu’il s’est agi du RSP ? Et pourtant même les écoliers du CP savent ce qu’il faut en faire ! Les mots ne manquent pas pour pantheoniser nos vaillants martyrs. N’est-ce pas pourtant une fuite en avant ? Ne sied il pas de s’arrêter un instant et se poser la question de savoir qui les a martyrise ? Comment peut-on promettre aux burkinabés que cela n’arrivera plus jamais et en même refuser de poursuivre ce par qui cela est arrivé ?
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Le burkinabè est mystifié par l’armée
Le président Kafando a-t-il tout simplement été mystifié comme nombre de burkinabè par les actions de Zida !?
En effet, peu sont ces burkinabè qui aujourd’hui garde leur sang-froid dans cette affaire du Lt-Cnl Zida ! Je n’ai rien contre l’homme ! Je trouve cependant surprenant que l’homme soit décoré pour avoir supposément remis le pouvoir aux civiles ! C’est aberrant ! On passe sous silence que, ce pouvoir, il ne devrait même pas en être proche d’abord, à plus forte raison s’en accaparer pour le remettre ensuite sous la pression !
Je suis désolé, mais si l’armée avait été républicaine, elle n’aurait jamais usé de la force pour s’autoproclamer Président du Faso, Chef de l’Etat ! Elle aurait appuyé les forces paramilitaires dans le rétablissement de l’ordre, et trouve les voies et moyens pour établir le dialogue qui a abouti à cette transition. Nous n’étions pas sous attaques étrangère, et j’ai de la peine à voir pourquoi cela pressait de suspendre la constitution, et d’avoir un Président du Faso, Chef de l’Etat ? J’ai déjà abordé le sujet dans un blog précédent : un putsch est d’abord une Haute Trahison de l’Etat, puis un détournement de la force publique a son seul profit ! En effet que peut-on dire la probité de celui qui prend les armes et les hommes que NOUS les contribuables payons, pour s’autoproclamer président du Faso ? Peut-on penser que cet homme-là a commis une faute plus pardonnable que celui-là qui est coupable des détournements de deniers publics ? Notre président dit que « des détournements sont faits et on connait les responsables », c’est vrai ! Seulement, lui, au lieu de sévir, il l’a fait premier ministre !
Sommes-nous toujours vraiment au stade ou quelques licenciements abusifs nous fait encore applaudir ? Et qui paiera les dommages à ces messieurs ? N’est-ce pas vous et moi ? Ou sommes-nous alors dans cette logique ou leurs dossiers iront prendre de la poussière en justice ? Mais alors de quelles reformes judicaires allons-nous nous prévaloir pour réussir cette transition ?
Le nouveau Faso que nous appelons de toutes nos forces, est-il celui ou des généraux sans aucune fonction officielle dans la république viennent se pavaner sur le tapis rouge à chaque occasion que dieu fait ? Ce nouveau Faso, est-il celui ou les efforts des uns et des autres pour empêcher que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de nos héros nationaux sont récompensés par des postes ministériels ? Peut-on ainsi traite notre peuple avec dédain et ensuite parle d’humilité ? Sous d’autres cieux, ceci du reste est une erreur d’appréciation qui ne pardonne pas : la seule façon de s’en sortir, c’est démission ! Attendons donc de voir si Zida rendra sa démission ! S’il le fait, il méritera alors sa décoration. Oui, Zida, parce que la faute ne vient pas de SAGNON. C’est Zida qui a pensé si peu de notre peuple qu’il a nommé Sagnon ! C’est donc Zida qui doit partir, avec ses 26 ministres ! Pourtant la charte dit vient au plus 25 ministres ! Et tous ces ministres qui n’ont rien pensé de mal à travailler avec Sagnon ? Ce que je disais tantôt pour le président est aussi valable pour le gouvernement. Le péché n’est pas seulement en action mais aussi par omission : omission de ne pas démissionner alors même que un gouvernement de 26 membres viole la charte de la transition, omission de démissionner alors même que l’un de ceux assis à la table du conseil des ministres est de cette espèces que nous voulons tous extirper de la vie de notre nation. A y voir claire, le Président du Faso lui-même à nommer les membres du gouvernement ! C’est que la bévue s’arrête !
Un citoyen burkinabè a été mis en prison sans que personne n’ait prouvé la moindre chose contre lui ! Pire encore, d’autre citoyen burkinabè applaudissent ! S’agit-il d’une détention préventive ? Si oui, quel juge en a décidé ainsi ? Au vu de quelles preuves ? Est-il coupable d’avoir des accointances dans l’ancien régime ? Si oui, de quelle réconciliation nationale allons-nous nous prévaloir pour réussir cette transition ?
Est-ce ceci le Faso nouveau que nous voulons bâtir ? Un pays sans loi, ou nous, nous devons les bourreaux et eux les victimes ? Sankara a été assassiné en 1987 ! J’étais jeune à l’époque ! Depuis, j’ai vu plusieurs imposteurs se lever ici et là pour se réclamer de lui. Je ne suis plus si jeune que cela aujourd’hui, et la mauvaise graine comme les Dadis Camara, Moussa Sanogo, je les reconnais aussitôt ! Je ne suis plus si jeune aujourd’hui, et je peux porter un regard critique sur Sankara sans pour autant trahir la mémoire de cet homme. Par exemple, je ne lui pardonne pas d’avoir été putschiste, même si c’est Blaise qui fit le putsch ! En fait, de Sankara, je retiens de très bonnes idées et de très médiocres méthodes ! Figurez-vous que c’est plus de 20 ans après sa mort que la communauté internationale a trouvé une solution au problème de la dette des pays pauvres ! Savez-vous quelle solution elle a retenu ? Oui, son annulation pure et simple ! Trente ans plutôt, Sankara avait appelé les uns et les autres a refusé de payer la dette ! Il y a comme le jour et la nuit entre négocier une annulation et refuser de payer ! Le résultat est le même pourtant, ou presque ! Les exemples sont légions pour qui veut bien se prêter à cet exercice.
Sankara avait-il de bonne idée par ce qu’il était militaires ? Avait-il de mauvaise méthode parce qu’il était militaire ? Sans être devin, on ne peut pas répondre par l’affirmative à aucune de ses questions. Statistiquement, cependant, les militaires ne sont que 14 000 au Burkina. Il n’y a aucun doute que le plus grand nombre de gens avec des bonnes idées soit plutôt du côté des civiles !
Pourquoi donc cette fascination de notre peuple avec les hommes en treillis ? En bons africains, nous sommes sans doute de ceux qui pensent que le treillis donne une certaine autorité. Assurément, comme le dit Mgr. A. T. Sanon, nous confondons le pouvoir et la force !
Vivons-nous vraiment dans une société ou la violence et la force sont glorifiée ? Il est vrai que la gloire du Moaga est de dire « Mam panbda mè dè » – moi je frappe – quand bien même il s’agit de sa femme ou de ses enfants ! De penser de cela se traduit à l’échelle nationale par une glorification de la violence à travers l’armée me fait froid au dos !
Conclusion :
Nous burkinabè, depuis 1966 avons toujours cru au putsch salvateur ! A chaque fois nous avons été déçu, et cette fois encore, nous somme tombe dans le panneau.
A quand le réveille du peuple du Burkina-Faso ? L’armée du Burkina n’a jamais résolu les problèmes du Burkina ! La preuve ? C’est eux qui dirigent depuis 1966 ! Avons-nous des problèmes ?
Cette transition commence avec des violations dans tous les sens de la charte difficilement pondue par les parties. Des erreurs grossières ont été commises, et je pense qu’au plus haut sommet de l’Etat, les conséquences devraient être tirées, et l’exemple donné. Je ne réclame pas moins que la démission du gouvernement et du Président du Faso !