L’Afrique face au racisme : Pensées (3/3)

Le populisme continue à gagner du terrain. Les élections Européennes de cette semaine, à en croire les sondages, consacreront la montée en puissance des partis d’extrême droite au sein du Parlement européen. Un choc annoncé, qui mérite que, malgré un emploi de temps très chargé, je termine cette réflexion amorcée il y a quelque temps déjà. Dans la première partie de ma réflexion, j’avais suggéré que nous prenions les devants pour assainir certaines langues modernes du vocable péjoratif qu’ils utilisent. Dans la seconde partie, j’avais trouvé que, pour reconquérir le respect qui nous est dû, une réaffirmation de notre propre identité est essentielle, par notre culture, nos langues, nos us et coutumes.

Dans cette dernière partie, je voudrais m’attarder sur l’échec économique de l’Afrique, qui est souvent la cause de certaines discriminations, et aussi, entraîne des comportements qui contribuent à bafouer la dignité de l’Africain.

 

Notre humanité est celle des riches.

On se rappellera sans doute l’expression « tiers-monde » qui désignait ce que nous appelons aujourd’hui les « pays en voie de développement ».  « Tiers-monde », une expression qui nous dit beaucoup sur la façon dont la pauvreté et le sous-développement étaient vus : la pauvreté ne permet pas l’existence d’une humanité entière, première, mais plutôt d’une tierce humanité ; « tiers-monde », comme par opposition au « premier monde » (first world).

L’humanité s’est toujours définie en termes de succès économique où les plus riches s’arrogent tous les droits au détriment des plus pauvres. C’est un constat que je ne cherche point, ni à justifier, ni à excuser. Depuis la nuit des temps, ceux-là qui ont eu du succès économiquement (donc militaire) se sont toujours posés en « super humains », traitant les autres comme des « sous-humains » qui ne méritent que la condition d’esclave.

En effet, dès l’antiquité, Aristote recensait au moins quatre types différents d’oligarchie dans les cités de la Grèce hellénistique (1). Il s’agit là, de system de gouvernement où une minorité comprenant les plus riches et d’autres, ont tous les droits et privilèges, pendant que le reste croupit dans la misère. Les exactions de ce system de gouvernance allaient entraîner des maux comme la servitude et l’esclavage des classes sociales les plus défavorisées, conduisant à Athènes par exemple, à des réformes qui donnèrent naissance à la démocratie athénienne, mère des systèmes démocratiques modernes.

On peut faire le même constat dans la Rome antique où les patriciens concentrèrent pendant longtemps beaucoup de droits et privilèges au détriment des plébéiens. L’homme était ou libre ou esclave et la richesse, l’origine et la fonction en définissaient la place dans la société ; la plèbe elle-même étant hiérarchisée avec les prolétaires (proletarii), ceux qui sont les plus pauvres se retrouvent au plus bas niveau de cette hiérarchie, exerçant les activités considérées pour des raisons religieuses comme inférieures : céramique, travail du bronze (2).

À la chute de Rome, son organisation sociale allait se fondre progressivement en la société monarchique médiévale. En effet, à cette ère de l’histoire de l’humanité, la féodalité était le mode de gouvernement le plus répandu. Son mode de fonctionnement a été bien documenté surtout en Europe occidentale. Les seigneurs régnaient en maître absolus sur leurs domaines, avec droit de vie et de mort sur leurs terres. L’argent achetait tout :

Le savoir : ils étaient les seuls qui avaient le droit de s’instruire, d’apprendre à lire et à écrire. En fait, il était formellement interdit à quiconque d’autre de s’instruire ! « Knowledge is power » disent les Anglais, « la connaissance, c’est le pouvoir ».

Le pouvoir : l’instruction leur permet de contrôler les hautes sphères du clergé, qui n’hésite pas alors à déclarer leur autorité comme étant de « droit divin ». S’opposer au seigneur revient à s’opposer au Seigneur !

L’Afrique n’est pas en reste dans ce comportement de subjugation des plus faibles. L’histoire générale de l’Afrique de J. Ki-Zerbo nous apprend les conquêtes et les razzias effectuées par les différents royaumes et empires en Afrique permettaient d’établir des relations de vassalités et de prendre des esclaves.

Dans l’ordre mondial d’après-guerre, c’est le succès économique qui définit la place qu’occupe chaque nation. Une ploutocratie de fait, où les plus riches, les pays du G7 sont au sommet de cet ordre mondial pendant que les plus pauvres sont en bas. Les plus riches imposent aux moins riches leur volonté par le biais d’institutions dites mondiales (ONU, Banque Mondiale, AIEA, etc.) : l’Iran se lance dans le nucléaire et cela déplaît, alors l’étouffe avec des sanctions. Dans ce contexte, ce n’est plus au nom d’une certaine supériorité ethnique que l’Afrique se retrouve à subir les effets néfastes de l’ordre mondial, mais simplement du fait de son échec économique d’abord, mais aussi du fait de comportements exhibés par les Africains eux-mêmes.

La pauvreté ne saurait point justifier le manque de dignité.

Figurez-vous, bonnes gens, que dans notre cher pays, il existe des ONG qui viennent pour creuser des latrines dans nos villes, nos villages et nos maisons, et cela, avec l’assentiment de notre état !

Quel message cela envoie-t-il au monde entier ? Qu’il existe des Burkinabè, valides des quatre membres, et qui ne peuvent pas creuser un trou par eux-mêmes pour y déféquer !

Il y a des aides qu’il faut savoir refuser, ne serait-ce que par dignité ! Comment, peut-on après les avoir acceptés, sortir se bomber la poitrine pour fustiger le néo-colonialisme lorsque c’est la petite de 8 ans qui s’est privé de ses € 2 d’argent de poche de la semaine pour vous construire une latrines ?

Comment des fonctionnaires, assis au ministère, auraient pu lire les objectifs d’un tel projet et lui accorder un agrément ?

Il n’y a pas que les latrines. Les exemples sont légion !

La résilience alimentaire ! Appartient-il à des fonds étrangers de venir offrir des poules, des chèvres ou des moutons à des pères de famille ? Comment peut-on après, niaisement réciter les leçons d’économie et de démographie à propos du dividende démographique lorsque E. Macron parle du problème de la planification familiale ? Les faits sont là et sont têtus ; nous ne sommes plus dans le théorique : l’Afrique souffre toujours de la faim ! Pourtant, toute l’humanité entière, l’Afrique comprise, a maîtrisé depuis des millénaires les techniques d’agriculture et d’élevage nécessaires à la production de nourriture. Cela est aussi vieux que l’humanité ! Les aléas climatiques ne sont pas que le propre de l’Afrique. L’Amérique, l’Australie, l’Asie, et même l’Europe connaissent tous des aléas climatiques. Certaines parties d’Australie et des USA par exemple connaissent une sècheresse qui dure depuis plus d’une dizaine d’années ! Pourtant, elles ne donnent pas à voir les scènes macabres qu’offrent certaines parties du continent. Israël est un grand désert, mais il exporte sans doute plus de produits agricoles que toute l’Afrique réunit. En fait, aujourd’hui, c’est plutôt en Afrique que les multinationales venues de Chine et d’autres horizons, viennent acheter des vastes domaines agricoles afin de produire pour leurs populations grandissantes (3). Pendant ce temps, nos leaders politiques traversent la planète entière du Nord au Sud et d’Est en Ouest à la recherche de financement ! De quel financement a-t-on besoin pour cultiver la terre ? Au sortir de la deuxième guerre mondiale, l’Europe entière était en ruine. Au Royaume-Uni, les denrées alimentaires de base étaient rationnées et le resteront jusqu’en 1953. L’Angleterre dépendait des importations de blé, d’orge et de bœuf pour se nourrir. Le parti travailliste (Labour) alors au pouvoir, allait proposer des reformes dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage afin de moderniser le secteur et accroître l’efficacité de la production par plus de 60 %. C’est en 1947 que le parlement adopta la loi de modernisation qui garantissait dans le court terme les prix et le marché aux producteurs britanniques qui étaient alors encouragés à utiliser des espèces de semences plus productives, des herbicides et des engrais. Cet acte du parlement allait transformer l’agriculture britannique en moins de 10 ans. Avec les garanties de prix et du marché, les agriculteurs retrouvèrent la confiance nécessaire pour accroître les investissements. Les exploitations se modernisèrent et se mécanisèrent.

En contraste, en Haute-Volta, juste après l’indépendance du pays, un effort de modernisation et mécanisation de l’agriculture allait être entrepris. Un financement de la Banque Mondiale, allait permettre d’établir les ORD (Organisation Régionale de Développent) dans la quasi-totalité du territoire. La mission était claire et simple : moderniser et mécaniser l’agriculture de Haute Volta pour arriver à une autosuffisance alimentaire. Le projet avait une durée de 40 ans. Aujourd’hui, le Burkina-Faso est la capitale mondiale des ONG, dont beaucoup d’entre elles travaillent dans le monde rural, poursuivant ainsi les mêmes objectifs que les ORD et CRPA. Le programme du MPP inclut une distribution de charrue et de bœuf aux paysans, comme il y a 60 ans ! Cela n’a pas marché il y a 60 ans, peu importe ! On recommence ! Pendant ce temps, les importations non contrôlées, et même mafieuses de riz étouffent les producteurs du Sourou, les poulets d’origines parfois inconnues rentrent comme si nous n’avions aucune frontière. Nous sommes prêts à nous endetter pour distribuer des bœufs et des charrues, mais nous sommes incapables par de simple loi de garantir les prix et le marché à nos producteurs ! Qu’attendons-nous que les autres pensent de nous lorsque nous nous offrons ainsi en spectacle ?

On peut être pauvre et rester digne. En fait, la dignité du pauvre est sans doute son seul bien. C’est dire que le pauvre qui perd sa dignité aura alors vraiment tout perdu. Ainsi donc, nous avons tout perdu dès la seconde même où nous avons permis à la France et à d’autres pays comme la France de nous creuser des latrines et nous donner des poulets pour nous nourrir !

Il y a à peine quelques semaines, le président du Faso, se félicitait de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur résident d’Italie dans notre pays ! La même Italie qui, traite les migrants africains comme nous le savons tous ! Une expulsion en guise de protestation serait de mise partout ailleurs, mais pas au Burkina, où nous espérons encore, même sous la pluie des injures multiformes bénéficier des miettes que l’Italie peut nous lancer. Où se trouve notre dignité ? N’est-ce pas avec pompe que nous avons accueilli les 24 blindés, dons du Qatar ? Le même Qatar, souvent mis sur la sellette pour ses financements des groupes extrémistes ! Le Qatar pourrait bien être le nerf de la guerre qui nous meurtrit, mais peu importe, tant qu’il nous donne des blindés.

Revenons aux migrants, qui vendent pour pas grand-chose notre dignité commune, quand ils préfèrent braver l’esclavage et la mort plutôt que de rester sur le continent ! Ils ne sont pas les seuls. On a vu certains de nos dignitaires faire un tollé parce qu’un visa d’entrée leur a été refusé. Ces mêmes visas d’entrée que nos étudiants pendant même qu’ils fustigent la politique étrangère de la France devant Macron, n’hésitent pas à quémander.

Le reportage de CNN exposant le marché aux esclaves en Libye, a fait couler beaucoup d’encre. Que d’indignations ! Pourtant, combien sont-ils d’enfants, trafiqués chaque année en Afrique occidentale vers les plantations du Ghana et de la Côte d’Ivoire ? L’Union Africaine, n’assiste-t-elle pas, toute impuissante, à l’esclavage des Africains en Mauritanie ?

Lorsque les Africains bafouent eux-mêmes leur dignité, peuvent-ils raisonnablement attendre des autres qu’ils la respectent ?

 

 

Compter sur ses propres forces

D’entrée, disons que nul ne développera le Burkina pour les Burkinabè. Cela amusait, aux élections de 2015, de voir les ténors de la scène politique se quereller pour savoir qui a chiffré son projet de société et qui ne l’a pas ! Mais à y réfléchir, un projet de société qui n’est pas entièrement ou presque, bâti sur le budget national, n’a pas en réalité plus de valeur que le papier sur lequel il est imprimé ! Pour preuve, nous avons le PNDES, qui d’abord a pris 2 ans au moins avant de se mettre en place, et comme tous les financements attendus ne se sont pas matérialisés, il connaît, à un an et demi de la fin du mandat présidentiel, un taux de réalisation de 14% ! Assurément, Roch Kaboré ne peut pas prétendre à un second mandat ! Mais je ne parierais point dessus.

Il est trop facile de construire des routes et des ponts avec l’argent des autres. En fait, si les contraintes budgétaires sont reléguées aux oubliettes, l’exercice de présentation d’un projet de société se résume donc à qui peut rêver le mieux, présenter la meilleure rédaction sur le sujet « Que feriez-vous en tant que président du Faso ». Mais en fait, on ne peut pas tout simplement se débarrasser des contraintes budgétaires, il faut plutôt les intégrer pleinement. En cela, la question qui se pose aux Burkinabè, au niveau national n’est pas si dissimilaire de celle qui se pose à chacun d’eux dans leur cadre familial ! J’ai toujours été en admiration devant les demeures que se bâtissent des Burkinabés. Voici un pays où les salaires sont comme nous le savons tous. Un cadre typique de l’administration, arrive cependant sur 10/20 ans à éduquer proprement ses enfants, se construire une demeure dont la valeur équivaut à au moins 10 fois son salaire annuel, et ceci, avec très peu d’apport externe. Cela est possible, parce que monsieur et madame consentent à d’énormes sacrifices : on circule à moto quand il faut, conjugue le tôo/riz et riz/tôo quand c’est nécessaire. On garde une ou deux volailles pour les cas de force majeure et on profite du carême pour réduire la consommation de viande et de bière. À la pharmacie, quand on peut, on allie pharmacopée, génériques et spécialités pour réduire les coûts. Pour les vacances, un petit recyclage au village s’impose. Il permet d’ailleurs aux enfants de rester en contact avec les réalités du pays, afin de redoubler d’efforts à l’école. Aucune mère de famille, aucun père n’arpente le pays chaque mois à la recherche de financement ! Rarement, on conjugue deux (02) prêts bancaires à la fois. En somme, le cadre typique burkinabé, est une réussite économique et sociale. Il fait avec les moyens de bord, il connaît ses priorités : alimentation, éducation, santé, habitation.

Pourquoi cette réussite n’est-elle pas répliquée au niveau national ?

La réponse est toute simple à mon avis :

D’abord au niveau national, nous avons tendance à compter, pas sur nos propres forces, mais sur la bonté et le bon vouloir des bailleurs de fonds. C’est une erreur monumentale, parce qu’alors, comme le PNDES, on a la certitude de ne rien faire en cas de problèmes. Tout comme les parents dans le couple imaginaire dont je parlais, l’état doit savoir compter uniquement sur ses propres moyens. Si la moitié des recettes propres passent dans les salaires et le maintien de la souveraineté, l’autre moitié devrait naturellement être celle que nous investissons pour notre développent. C’est une planification qui permet avec certitude de savoir si l’on peut s’offrir un nouveau centre hospitalier ou s’il faut choisir entre l’hôpital et un nouvel aéroport ou une nouvelle route. Si les fonds propres ne suffisent pas, il convient de définir dans son programme comment l’on compte élargir l’assiette fiscale, et le montant des recettes attendues.

Une fois que l’on s’impose de travailler avec ses propres moyens, la question des priorités, nécessairement, se pose. Il faudra donc au niveau national, définir ses priorités ensuite. Les recettes étant limitées, des choix devront être faits : construire des écoles ou des échangeurs ? Construire des hôpitaux ou traverser la terre entière à bord du Pic du Nahouri ? Même dans les pays les plus riches, des écoles en préfabriqué existent. Pourquoi alors l’enfant burkinabè n’irait-il pas recevoir une éducation sous une paillote ? Il rentre chez lui, le soir, dormir sous une paillote tout aussi « dangereuse ». Où donc, se trouve le problème ?

À la fin, la question qu’il faut se poser est la suivante : « Qu’est-ce que le développement ? ». Chaque Burkinabè a certes, une définition du développement propre à lui. Aucune de nos universités n’a encore défini le terme au niveau national. Pourtant, nous citoyens, électeurs, sommes censés élire quelqu’un pour nous conduire au développement. Comment le citoyen lambda évalue-t-il dans le PNDES, les éléments de développement du pays ? Compter le nombre d’échangeurs construits ? De forêts abattues ? De dispensaires ? A-t-on même la preuve que le PNDES contribue au développement ?

En somme, voici un pays qui se démène comme un diable pour des objectifs non clairement définis, et donc non-mesurables par définition. Il est donc impératif qu’à l’échelle nationale, le pays se dote non seulement d’une définition du développement, mais aussi et surtout qu’il définisse les transformations par lesquelles le pays peut arriver à cet état de développement. Sans cela, les programmes politiques resteront les masturbations intellectuelles d’une classe politique coupée de la réalité du pays profond. Dans un tel contexte, il n’est pas opportun de mesurer un taux de réalisation puisque l’on pourrait même arguer dans certaines circonstances que la réalisation de certains éléments d’un programme entrave le développement. Exemple : l’impact économique de l’échangeur du Nord.

L’élite africaine reste à la traîne.

Le problème de l’échec économique africain est assez difficile, même impossible à comprendre. Plus difficile encore à comprendre, est le comportement de l’élite africaine face aux difficultés économiques. Une grande partie de cette élite semble convaincue que c’est en vain que nous travaillons parce que les rôles sont déjà répartis. Pour cette élite, c’est l’Occident qui, par néo-colonialisme freine le développement de l’Afrique. C’est populaire, et j’y suis moi aussi passé par là en son temps. De nos jours, je m’inscris entièrement en faux d’un tel point de vue ! Prenons en exemple la dégradation de la sécurité que connaît le Burkina. Il n’est pas rare d’entendre des gens, remettre en cause la bonne volonté de la France, allant jusqu’à suggérer qu’elle lèverait et armerait ces bandits de grand chemin pour semer le trouble. Quand on leur demande dans quel but, la réponse ne se fait pas attendre : nos ressources. Au risque d’offusquer certains, il faut admettre d’abord qu’en matière de ressources, le Burkina n’est pas un pays nanti ! On se rappellera que la partition de la Haute-Volta entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger relevait de cette logique de colonie non-viable économiquement. Aux yeux de la France, le Burkina-Faso n’a donc aucun poids économique, chose que nous pouvons confirmer, simplement en jetant un coup d’œil sur les exportations du Burkina ! C’est en Suisse, en Inde et en Chine et non en France que nous exportons. Les données brutes ne permettent pas à mon avis de supporter cette thèse de la France de mèche avec les assaillants de notre pays, pour s’accaparer de nos ressources. La France a ses intérêts certes à être au Burkina, tout comme le Burkina lui-même avait ses intérêts à être au Mali par exemple. Ainsi vont les relations entre nations.

En fait, à y penser, l’Occident ne peut pas être un frein au développement de l’Afrique. Bien au contraire, l’Occident a besoin d’une Afrique qui émerge, une Afrique qui peut consommer et représenter un marché de valeur pour leurs économies avancées qui ont quelques fois du mal à se réinventer ! Ce n’est pas en Occident que l’on peut accroître de 20 % par an, les ventes de voitures ou d’appareils ménagers, tout simplement parce que tout le monde en a déjà. Par contre cela est possible en Chine, en Inde, et en Afrique (à la condition de sortir des millions d’Africains de la pauvreté).

Nous avons les preuves que si un pays d’Afrique veut s’en sortir, il s’en sortira ! Cette preuve, c’est le Rwanda ! Le Rwanda qui, dès 2008 remettait sa destinée à une élite venue d’Occident, en nommant l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, comme conseillé économique (4). Les résultats, une décennie plus tard, sont ceux que nous admirons et envions tous en Afrique ! En 2018, c’est Guy Baron, un autre cacique du gouvernement de Blair qui est nommé directeur des investissements de la Rwandan Development Board (Agence Rwandaise de développement) (5)!

Comment et pourquoi Blair, Baron et Kagamé peuvent-ils réussir en 10 ans, là où depuis 60 ans l’élite africaine échoue de la façon la plus lamentable ? Certains, comme J. Watson, l’un des pères de la génétique moderne n’hésite pas à prendre des raccourcis pour apporter des explications (6). D’autres par contre, par des études rigoureuses, concluent que tous les cerveaux naissent égaux en intelligence, mais semble-t-il, la pauvreté peut retirer jusqu’à 13 points de coefficient intellectuel à un individu. En effet, des chercheurs en psychologie et en économie ont démontré que la pauvreté pouvait être à l’origine d’une prise de décision catastrophique, dont les conséquences sont le maintien de l’individu en situation de pauvreté. Cependant, la pauvreté n’est pas une fatalité, et le cercle vicieux peut être brisé pour peu que l’on évite de penser paresseusement (se laisser contraindre par l’idéologie, l’ignorance et l’inertie) dans la conception des programmes de développement (7).

Or cette pensée paresseuse, nous pouvons la voir partout au Burkina, où certaines élites sont toujours dans les tranchées où la guerre fait encore rage entre le prolétariat et la bourgeoisie. Pour eux, on est rouge ou autre, ami ou ennemi, révolutionnaire ou réactionnaire. Ils voient des complots partout, même là où il n’en est rien. Pour d’autres élites, c’est simplement l’ignorance. Ils croient encore à la venue d’un sauveur, sinon, comment comprendre que leur champion soit un déserteur ? Sans présumer connaître le droit burkinabè, ne serait-ce pas ignorance que de penser qu’un déserteur peut simplement rentrer au pays et briguer la magistrature suprême, lui qui, ne daigna même pas répondre aux convocations de cette même justice dont il veut en être le premier magistrat ? Pour d’autres encore, c’est l’inertie ! Après 27 ans, ils sont prêts à reprendre les mêmes et recommencer ! Roch, Kadré, Zéphirin, Dijibril, etc., tous ont eu l’opportunité sous Blaise Compaoré de contribuer au développement du Burkina. À mon bon souvenir, ce n’est pas une tâche à la hauteur de laquelle ils se sont montrés ! Nous n’en serions pas là autrement. Qu’est-ce qui nous porte à penser que cela sera différent lorsqu’ils seront assis dans le fauteuil à Kossyam ?  Pour certaines enfin, c’est de toutes les paresses intellectuelles ensemble : idéologie, ignorance et inertie !

Conclusion

L’expression « tiers-monde » est tombée en désuétude, mais en réalité, la prééminence du « first world » sous-entend un autre monde qui est « second » ou « third ». L’Afrique doit se réveiller de sa léthargie, si elle veut apprendre à défendre les Africains contre les discriminations, à la manière d’Israël, de la Chine, de l’Inde, parce que sans une humanité qui est entière, « first », elle n’aura jamais une voie qui compte, qui est écoutée.

 

 

 

Koudraogo Ouedraogo

Blog: https://burkinafache2015.wordpress.com

Membre, Faso 2020 : http://faso2020.org

 

 

 

Références :

Jeune Afrique, Agriculture: l’achat de terres en Afrique, un business sous influences

 

>, 15 jan. 2019

  • Abhijit V. Banerjee and Esther Duflo. (2011). Poor Economics: A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty.

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